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Episode 21 : Aux extrémités du Chili

San Pedro de Atacama – Punta Arenas

Un désert pas si désert

Changement de température et d’altitude mais pas vraiment de décor ! Nous passons d’un désert à un autre. Ça y est, nous quittons déjà la jolie Bolivie pour rencontrer le beau Chili. La douane terrestre, comme à chaque fois, a son lot de surprises… On doit payer 15 bob pour que notre passeport soit tamponné…  Pourquoi ? Personne ne sait. On dit au-revoir à notre cher guide Edwin et on saute dans le mini van direction San Pedro de Atacama. La fouille des sacs à la frontière chilienne est sommaire mais elle a le mérite d’exister. On descend, on descend et on descend. Le Chili est en face de nous au fond de cette grande pente en ligne droite. On perd 2000m d’altitude et on gagne bien 20 degrés. Comment vous dire qu’à l’arrivée on n’a pas supporté longtemps nos doudounes!

Nous posons nos sacs dans la première gare de bus d’Amérique Latine où personne ne crie ! Oui car c’est toute une expérience les gares ici (petite pensée pour celle de Cochabamba, la pire de toute !). D’habitude, dans chaque gare routière, une horde de vendeurs de ticket de bus se jette sur toi en criant les directions, ce qui donne une belle cacophonie. On s’imagine nos gares françaises sur ce modèle et on en rigole beaucoup. Mais ici, c’est zen, c’est calme. Ça change. Ça nous paraît presque bizarre… 

Petit tour du centre ville très rapide pour faire quelques courses et s’imprégner de l’ambiance. Faut dire que San Pedro n’est pas très grande. Par contre, on sent que nous sommes dans un coin très touristique, je n’ai jamais vu autant d’étrangers au km². Mais l’endroit est plutôt sympa, on y trouve évidemment plein de restaurants et des cafés assez chouettes. En tant que ville étape, ça nous semble plutôt cool.

On retrouve notre airbnb pour les jours à venir, une petite maison en bois excentrée avec vue sur le grand volcan Licancabur surplombant San Pedro de Atacama. En prime, nous avons une belle terrasse dont on profite aussitôt car il fait chaud ici. Demain on récupère notre super bolide et on part à la découverte du désert d’Atacama, un bijou immense et varié. Pour ceux qui veulent avoir notre trajet point par point, je vous renvoie à notre Polarsteps. Vous pourrez le trouver tout en bas de cet article.

Jour 1: Guacamole ? Noooon, Guanaco !

Aujourd’hui, nous nous enfonçons dans le désert. La région est très aride et malgré tout, nous rencontrons pas mal d’animaux. On retrouve les belles vigognes et on rencontre les guanacos, espèce spécifique au Chili et à l’Argentine. Ils ne sont pas farouches et traversent la route comme bon leur semble sans vraiment s’inquiéter de notre présence. Tant mieux pour nous, ça nous permet de les observer sous toutes les coutures.

On aura eu la chance de voir les 4 espèces sud américaines de la famille des camélidés : alpaga, lama, guanaco et vigogne (à cette famille se rajoute le chameau et le dromadaire mais peu de chance d’en voir ici…) Et comme je suis sympa et que je veux que vous puissiez briller en société, je vous ai fait un petit récapitulatif des 4 bestioles.

Le Lama

Le plus connu. On les voit un peu partout car on trouve beaucoup d’élevages.

L’Alpaga

Le plus chouchou. Il n’est pas rare d’en voir car il y a aussi beaucoup d’élevages pour leur viande mais surtout pour leur laine. Le « baby alpaga » est assez réputé pour sa douceur.

La Vigogne

La plus belle. C’est une espèce sauvage non apprivoisée qui ressemble à une biche. Sa laine d’une douceur inégalée est la plus chère au monde.

Le Guanaco

Le plus téméraire. Malgré le fait que ce soit une espèce sauvage, ils ne sont pas très farouches. On les différencie des lamas grâce à leur corpulence et à leur tête toute noire.

Mais revenons à notre désert! On commence par découvrir la Valle del Arco Iris. Une formation rocheuse de toutes les couleurs ! D’ailleurs tout au fond de la vallée, on trouve une autre montagne arc en ciel. Les couleurs sont moins marquées que celle du Pérou mais elles n’en restent pas moins jolies. Bon, j’avoue qu’en regardant les photos, ça ne saute pas vraiment aux yeux. Mais en réalité, les couleurs étaient plus marquées.

Bon j’avoue, il faut le trouver l’arc en ciel…

On remonte la vallée à pied pour profiter tranquillement du paysage. On tombe même sur une colline aux couleurs de l’Italie ! La balade est facile et très jolie. 

Ensuite, nous rebroussons chemin pour nous rendre au canyon de Guatin. Un lieu magnifique où les cactus surplombent la roche creusée par la rivière. C’est étrange de voir autant d’eau dans un des lieux les plus arides du monde. Il y en a tellement qu’on découvre même une petite cascade. La balade continue ensuite dans le rio mais aucun de nous n’a les chaussures adaptées. Alors on fait demi-tour. 

Sur la route du retour, ce sont des lamas qu’on croise cette fois. Enfin, des lamas qui se prennent pour des guanacos vu leur manière nonchalante de traverser. Difficile quand même de les prendre au sérieux avec leurs pompons aux oreilles. Moi je trouve ça plutôt sympa pour marquer les troupeaux. Imaginez deux secondes nos vaches avec…!

Le soir, on ira observer le coucher de soleil sur un des miradors gratuits de la Vallée de la Lune, notre étape de demain. Bon, visiblement, nous ne sommes pas les seuls à avoir eu l’idée… mais baste le monde. La beauté du paysage nous emporte. Vivement demain, on a hâte d’y être ! En attendant, ça ne serait pas l’heure de l’apéro tiens?..

Jour 2 : Une autre planète

La Vallée de la Lune porte très bien son nom. À seulement quelques kilomètres de San Pedro, on change de planète ! Premier stop, la Duna Mayor. Ici, le sable fin se mêle aux roches craquelées, vieilles d’environ 33 millions d’années. On observe les différentes nuances de rouge qui peignent ce paysage. Ça paraît irréel. Nous n’avons pas de mal à imaginer les dinosaures foulant ces terres ! 

Un peu plus loin, la route nous amène sur la balade des 3 miradors. Il est possible de marcher sur les crêtes pour avoir un panorama magnifique du site entier. Ensuite, on descend dans la vallée pour finalement remonter au troisième mirador, le plus haut. On se sent si minuscule au milieu de cette immensité. Mais je suis quand même sur mes gardes… À tout moment un T-rex peut sortir de derrière un rocher…

Retour à la voiture pour aller voir les 3 Marías qui se cachent au fond du site. Bon, elles ont ramassé les Marie parce qu’on a de la peine à voir trois femmes dans ces rochers creusés par le vent et la chaleur. Je vous laisse plisser les yeux et faire marcher votre imagination…

Et ce soir c’est barbecue ! Oui oui, vous avez bien entendu. Les garçons ont trouvé un « barbeuc » à côté de la maison et il s’avère qu’il est à partager ! Ni une ni deux, les saucisses sont achetées et les patates emballées dans l’alu. Jimmy roi du « barbeuc » s’occupe de l’allumer. Et on le déguste en bonne compagnie puisqu’on a retrouvé Célia et Gilles, les Suisses avec qui nous avons visité le Salar d’Uyuni. Un invité surprise, alléché par l’odeur, s’est aussi pointé. Bon, il a un peu tiré la tronche quand il a compris qu’on ne partagerait pas… Je crois qu’il a terminé la bouteille dans notre dos pour se venger!

Nous devions observer les étoiles ce soir mais, malheureusement, le tour a été annulé à cause du mauvais temps. Il est donc reporté en espérant que les nuages partiront dans les prochains jours… 

Jour 3 : Des étoiles plein les yeux

On attaque le troisième jour dans le désert d’Atacama et cette fois ci, on part découvrir des lagunes. On va voir si celles du Chili sont aussi belles que celles de Bolivie! Premier stop dans le petit village de Socaire pour récupérer nos billets et, ensuite, pouvoir entrer dans le parc national. Sur la route, on voit pas mal de vigognes qui posent pour la caméra et même des autruches qui « se font la malle » dès que notre voiture s’arrête près d’elles.

Nous arrivons rapidement à la lagune Miscanti où nous sommes accueillis par une des gardiennes du parc qui nous rappellent les règles à respecter sur ce lieu. Les lagunes sont très protégées, impossible de s’approcher au bord pour ne pas déranger la flore et la faune. C’est plutôt une bonne chose mais le revers de la médaille, c’est qu’ici on peut très peu marcher. Tout se fait en voiture. Ce qui est un peu paradoxale avec l’idée de protéger l’environnement mais bon… On voit des chemins tracés auxquels on ne peut plus accéder. J’imagine que la covid a changé quelque peu les règles. Du coup, on en ressort un peu frustré car en plus, ces lagunes-là sont payantes et nous nous sommes cantonnés à certaines parties de chemins. Dommage mais ça n’enlève rien à la beauté du lieu. 

Même situation pour la lagune Miñique qui se trouve à seulement quelques mètres de la grande lagune Miscanti. Impossible de s’y rendre à pied, nous avons seulement accès à un petit mirador et demi-tour toute ! Bon, c’est très beau mais c’est un certain budget pour si peu de temps passé sur place, il faut le savoir et le prendre en compte avant de venir. On assiste avant de partir à un vol de flamands, passant d’une lagune à une autre. Ça remplit nos coeurs de bonheur d’avoir pu les voir d’un peu plus près ! C’est comme s’ils avaient senti notre frustration.

Notre billet inclut la Lagune Piedras Rojas, à seulement quelques kilomètres, alors on fonce voir cette beauté aux eaux bleu ciel. Une fois de plus, on se retrouve face à un circuit balisé mais cette fois-ci, il est un peu plus long. Il faut 45 min pour le parcourir en prenant son temps et en faisant des photos. Nous sommes plus nombreux sur place. On ne peut pas éviter éternellement les tours organisés… Mais puisqu’on est en pleine nature, c’est moins dérangeant. La lagune est sublime avec ses nuances de bleu, de vert. Au loin, quelques vigognes broutent paisiblement. 

On croise même un petit pote qui se fait un plaisir de poser pour Juju.

Le lieu est vraiment superbe, d’autant plus, vu du mirador de Aguas Calientes, à seulement quelques kilomètres de l’entrée principale. Il est accessible gratuitement et offre un panorama génial sur toute la lagune. C’est ici qu’on décide de se poser pour manger notre casse croûte. On aperçoit quelques tâches roses, ça semble être des flamants. 

On termine notre tour des lagunes en allant voir la Laguna Tuyaito, à seulement 5 minutes en voiture de notre dernier spot. Encore une fois, le lieu est magnifique. Cette fois-ci l’eau est d’un bleu presque translucide au milieu d’un petit salar. C’est joli et c’est gratuit, c’est tout ce qu’on aime ! 

Le soir, on décide de se faire un petit plaisir et d’aller manger une pizza chez Barros Restaurant. Elles sont délicieuses mais prenez en une pour deux car elles sont gigantesques ! Au milieu du repas, Marlène reçoit un message de la dame qui s’occupe du tour des étoiles. Vous savez, le tour qui a été annulé hier pour cause de mauvais temps. Ils ont de la place ce soir à 22h et en plus en français, avec Alain, un astronome du CNRS expatrié depuis 20 ans. On saute (de joie) sur l’opportunité et on rentre se préparer. 

Il est 22h, nous sommes dans le salon éclairé à la lumière rouge d’Alain. On l’a croisé rapidement et il nous a invité à nous asseoir sur son canapé. Il est lunaire, ce qui va de pair avec son activité ! Un bus arrive avec une dizaine de passager à son bord. Le salon est désormais rempli; Alain commence sa présentation.

Et là, on ne nous avait pas prévenu mais on assiste à un véritable One Man Show! Alain est plein d’humour et explique avec malice les dessous de l’astronomie. En plus d’être drôle, il est instructif ! On réapprend les bases, puis on sort pour observer les étoiles à l’oeil nu. Le ciel du Sud est complètement différent de celui qu’on peut voir en France. Ici, pas d’étoile Polaire, pas de grande et petite Ours mais la constellation d’Orion, les Pleïades, l’étoile la plus brillante du système solaire Sirius etc… Alain nous raconte les contes et légendes qui ont donné les noms et formes aux différentes constellations. C’est juste passionnant.

Mais la partie la plus excitante arrive : l’observation aux télescopes ! Alain et sa femme en ont une petite dizaine dans leur jardin. C’est lui même qui les a construits en majorité. Il y en a de toutes les tailles. Grâce à eux, on a pu observer de près :

✨ Une nébuleuse : nuage de poussières et de gaz ressemblant à une toile d’araignée ou au monstre dans Stanger Things

✨ Un amas stellaire : plusieurs étoiles proches les unes des autres

✨ Jupiter et Saturne. Une des plus belles observations fut celle de Saturne car on a vu son anneau de façon hyper nette, c’était fou !! 

✨La ceinture d’Orion : une constellation assez facilement repérable car les étoiles s’alignent presque parfaitement

À la fin de l’observation, la femme d’Alain nous explique comment utiliser nos portables pour photographier le ciel, ce qui m’a permis de prendre les photos ci-dessous. Bon, évidemment, la qualité est assez médiocre mais ça me permet de vous montrer à quoi ressemble une nébuleuse (sur la photo de gauche) et un amas stellaire (en haut à gauche sur la photo de droite).

Mais la plus belle reste celle-ci, souvenir d’une des plus belles nuits de notre vie. 

Nous sommes de retour dans le salon d’Alain où on nous offre une boisson chaude. La visite des étoiles se termine par le diaporama de quelques photos du ciel prises par Alain. Les photos sont en couleur car même si nous, humains, observons le ciel en noir et blanc car nous avons des yeux tout pourris, l’univers est bel et bien coloré. Une des photos qui nous a particulièrement marqués, c’est celle des 10 000 galaxies qui représente seulement quelques millimètres du ciel observable. Imaginez la grandeur de l’univers… Ça fait relativiser, nous ne sommes vraiment rien dans ce bas monde ! 

Jour 4 : C’est beau mais…

Aujourd’hui, dernier jour dans le désert d’Atacama. On continue sur notre lancée en allant voir d’autres lagunes, plus proches de San Pedro. Celles-ci sont à réserver sur internet la veille avec choix d’un horaire. Nous sommes venus dès l’ouverture à 9h et il n’y avait pas grand monde. Il faut tout de même débourser 15 euros par personne pour entrer sur le site.

Découverte de la Laguna Piedra où on peut se baigner ! L’eau est à 15 degrés, les garçons se dégonflent mais avec Marlène on se jette à l’eau. Le truc drôle c’est qu’on flotte hyper facilement tellement l’eau est concentrée en sel. Il est même difficile de nager ! 

On patoge un peu puis on va voir la lagune qui se trouve juste à côté, la Laguna Cejar

On souhaite continuer notre visite des lagunes en allant voir la Laguna Tebinquiche un peu plus bas mais une fois arrivé sur le lieu, on nous demande encore de payer. Celle ci coûte 8 euros par personne. On nous informe aussi que la prochaine lagune que nous souhaitions visiter coûte dans les 10 euros par personne. Ça commence à faire un budget conséquent… On fait donc demi tour à la recherche d’une rando gratuite dans le coin. Impossible de trouver quoi que ce soit. Du coup retour à la maison pour préparer la suite. En attendant, voici une petite « récap » vidéo de nos quelques jours passés ici.

On se console tout de même en allant manger une glace chez Babalú. C’est la troisième fois qu’on y va 😅. Les glaces sont super bonnes, on goûte à des parfums insolites comme « fruit et fleur du désert » et les portions sont énormes. Voilà, je pose l’adresse là pour les gourmands. 

Bilan en demi teinte pour le désert d’Atacama. On comprend l’engouement mais on comprend aussi le manque cruel de backpackers dans le coin. Il faut clairement prévoir un budget conséquent pour visiter ce lieu, entre l’hébergement, la location de la voiture et les billets d’entrées des différents sites. Nous n’avons trouvé que peu de sites gratuits. Nous avons de la peine à comprendre ces prix exorbitants sous prétexte de protéger la nature alors que tous les sites sont seulement accessibles et à visiter en voiture… Nous avons quand même eu un vrai coup de cœur pour la Vallée de la Lune. S’il n’y avait qu’un site payant à faire, ce serait celui-ci car il est réellement dépaysant et pour nous, il ne ressemble à rien que nous n’ayons déjà vu. Deuxième activité payante à faire absolument, vous vous en doutez sûrement… mais c’est l’observation des étoiles avec Alain. C’est quelque chose qui nous a marqué tous les deux et dont on se souviendra toute notre vie. Et dans ce cas là, nous comprenons le prix un peu cher car l’entretien des télescopes n’est pas donné… 

En aucun cas, nous ne regrettons d’être venu dans le coin car la région est magnifique. On aurait juste aimé voir plus d’articles sur les réseaux parlant du coût réel de ces activités. Maintenant, vous savez ! 

C’est le noooord… Ah bah non, c’est le sud !

Après avoir vu le nord du pays, on file tout droit à l’extrémité sud ! Nos chers copains eux, restent dans le Nord et partent à la découverte de l’Argentine. Alors c’est l’heure des aux-revoirs. On aura partagé une bonne partie du trajet avec ces deux loustics, pour notre plus grand plaisir. Merci de nous avoir aider à sortir de notre zone de confort niveau rando, merci pour votre bonne humeur au quotidien et merci pour ces folles parties de UNO ! Ce n’est qu’un au-revoir … !

À l’aéroport, le signal sonore retentit pour notre vol direction Punta Arenas, la plus grande ville de la Patagonie Chilienne. À la sortie de l’avion, on se prend une claque thermique ! Adieu les 30 degrés d’Atacama et bonjour les 10 degrés de la Patagonie. Mais pour être tout à fait honnête avec vous, on est assez content de retrouver le froid et de mettre les bonnets. Ça nous faisait tout drôle d’avoir aussi chaud en plein mois de Novembre. Même si ici, c’est techniquement le printemps. Je n’ose pas imaginer l’hiver en Patagonie avec son vent à découper le visage. 

On découvre notre hôte, Cristian. Un homme adorable, originaire de la région mais qui s’était expatrié au nord pendant un temps. Il est plein d’humour et extrêmement attentionné. Nous sommes arrivés et le petit déjeuner était prêt avec des petits pains faits maison. Mais alors, qu’est ce qu’il parle vite ! À l’image des chiliens, c’est difficile pour nous de comprendre quelque chose et pourtant ça fait 5 mois qu’on pratique l’espagnol tous les jours ! Il fait l’effort de ralentir un peu son débit et on arrive à papoter quelques instants avant qu’il ne parte travailler. 

On part ensuite à la découverte de cette ville du bout du monde. Au cœur de la place centrale, un monument à la gloire de Magellan. En effet, ici on fait face au détroit « découvert » en 1520 par le portugais pour l’empire espagnol. C’est en réalité un peu plus bas qu’il est passé mais c’est quand même sympa de voir ce détroit mythique ! J’aime pas trop le mot découvert même si c’est celui qu’on emploie communément car vous vous en doutez, les terres étaient déjà habitées et bien connues des différents peuples autochtones. D’ailleurs, une des théories sur l’origine du nom « terre de feu » (donné à ce petit chapelet d’îles à l’extrémité sud du continent) proviendrait des nombreux feux domestiques aperçus par l’équipage pendant leur traversée entre les îles. Ces peuples ont été massacrés et certains individus ont même été kidnappés lors de l’expédition du HMS Beagle (à bord duquel figurait un dénommé Darwin) et traînés comme bête de foire dans les expositions universelles d’Europe. Bref, un passé encore un peu caché à première vue quand on visite la ville. Nombreux sont les monuments en l’honneur de Magellan et de son co-équipier Elcano qui termina le premier tour du monde à voile. Mais heureusement, les musées retracent fidèlement l’histoire de la région. 

La ville est désormais très paisible. On est loin de ce que pouvait être le quotidien des colons à leur arrivée en 1848. Le dimanche, une partie de l’artère principale est fermée aux voitures alors les familles se baladent à vélo, à patins ou tout simplement, comme nous, à pied sur la Costanera del Estrecho. Tout le bord du détroit est aménagé, on passe de monuments en monuments commémorant le passé colonial du lieu.

Le soleil nous réchauffe en cette saison printanière. D’après Cristian, c’est assez rare qu’il ne pleuve pas ou qu’il ne vente pas ici alors on en profite ! Sur le ponton, une tonne de cormorans et de mouettes s’agitent. Apparement, ils viennent nicher là, en cette période. On découvre un nouveau Pokémon, le Cormoran Impérial avec sa houpette sur la tête. De loin, il ressemble à s’y méprendre à un pingouin. La balade est très agréable. Julien ne l’avouera pas mais je l’ai vu accélérer le pas à la vue du panneau « attention zone à tsunami »…

On continue notre visite par le Musée Nao Victoria. Créé par un passionné et avec l’aide de charpentiers de marine, on peut y voir les répliques, grandeur nature, de plusieurs bateaux dont le Victoria, seul bateau de l’expédition de Magellan à avoir effectué un tour du monde.

On monte aussi à bord du HMS Beagle, autre bateau ayant fait le tour du globe en passant par les îles Galapagos avec à son bord le célèbre Darwin. Juju se met à la barre, j’ai peur que le bateau ne chavire (même s’il est à terre). En plus de pouvoir vraiment visiter les bateaux de fond en comble, il y a pas mal de reconstitutions d’objets d’époque et une histoire plus que complète de chaque bateau. Bref, un musée ludique qui vaut le coup d’œil. 

Une petite dame au grand cœur

Puisqu’il fait froid, on trouve plaisir à se réfugier dans des cafés. On vous conseille le Wake Up Cafe qui fait des brownies tièdes et fondants. Pour le meilleur chocolat chaud (peut être de votre vie !) demandez le chocolat maison de History Cafe. J’en salive rien qu’en y pensant. En plus le lieu est assez chouette, vous y trouverez plusieurs photos de Punta Arenas à différentes époques. Pour les amateurs de découvertes culinaires, vous ne pouvez pas passer à côté de Kiosko Roca. C’est une institution au Chili ! Élu « mejor picada de Chile », on vient déguster les fameux « Choripan » (petit sandwich avec une pâte de chozio et du fromage) avec du « leche con platano » (lait à la banane). Le mélange est étrange, Julien s’y est risqué et a aimé ! En tout cas, on valide à 100% les mini-sandwich à 1€. 

Je vous rassure, nous n’avons pas fait que manger. On s’est aussi pas mal promener dans la ville. Faut dire qu’une ambiance toute particulière règne ici avec ses maisons très basses, le vent qui siffle dans nos oreilles quand on se trouve sur les grands boulevards et ces petits choses qui nous font penser aux États-Unis.

Chassez le naturel, il revient au galop. On adore particulièrement découvrir une ville en mangeant au marché local. Et il faut dire qu’ici, on est plus que bien tombé ! Déjà, il est juste au bord du détroit, donc pas mal niveau vue. Ensuite, nous choisissons par hasard le petit troquet Dona Zuny au 1er étage du marché et nous avons été accueillis comme des rois. Le menu del día est à 6,50 euros et il faut avoir faim car, après la traditionnelle soupe en entrée, on goûte au poisson du coin le « pejerrey », un peu plus gros qu’une sardine. Évidemment, on accompagne le tout d’un Pisco Sour puisque le Chili et le Pérou s’arrache l’origine de ce cocktail. La grosse différence c’est que l’un est fait au citron jaune et l’autre au citron vert. (Pablo ne lit pas les prochaines lignes 🙈) On a quand même une préférence pour le Péruvien… Mais on regoûtera quand même… Juste pour être sûres ! Le patron nous offre un autre cocktail, typique de Patagonie : le Calafate Sour, même principe que le pisco sauf que la liqueur vient d’une baie du coin. Avec la fatigue, on est parti rond comme des queues de pelle ! 

Je me dois tout de même de vous raconter un petit moment de vie incroyable. Lorsque nous entrons dans le restaurant, nous apercevons une dame et sa maman, une toute petite mamie heureuse comme tout de manger avec vue sur le détroit. On échange un regard et un sourire puis nous passons commande. Les deux femmes partent avant nous et nous saluent. Nous leur disons au-revoir également. Puis, deux minutes plus tard nous revoyons la petite dame âgée revenir et se diriger vers notre table avec un cadeau en main. Elle était partie nous acheter deux petits pingouins aimantés pour nous souhaiter la bienvenue dans leur région… Vraiment ce voyage me redonne foi en l’humanité. Je n’en reviens pas de la gentillesse des gens. On la prend fort (enfin pas trop) dans nos bras et sa fille immortalise ce moment là. C’est ainsi qu’on a rencontré Consuelo et Uberlinda Godoy. ❤️

Après la séquence émotion, place au chapitre nature. À seulement 9km de la ville se trouve la Reserva Nacional Magallanes. C’est un parc peu touristique où les gens du coin viennent courir. On peut faire une boucle à pied de 10km ou bien même venir à vélo sur la journée. On opte pour la version à pattes avec le circuit Las Lengas. 

La balade est sympathique au son des arbres qui craquent sous le vent et des oiseaux qui se chamaillent. Les arbres semblent s’être déguisés pour Halloween avec cette mousse déposée sur les branches comme des toiles d’araignées vertes et animées par le vent.

Le sentier est vraiment facile et offre 3 points de vue sur le parc. On peut apercevoir d’un côté ses monts enneigés et de l’autre, le détroit ainsi que la ville de Punta Arenas. Une petite rando sans prétention mais pleine de tranquillité. On a même croisé un cheval sauvage qui nous a servi de guide pendant un temps. Décidément, les animaux s’inquiètent beaucoup pour nous. Ce n’est pas la première fois que l’on nous guide. Je crois qu’ils ont peur qu’on se paume !

On a eu droit à une météo vraiment clémente sauf le dernier jour où le vent s’est mis à souffler sec ! Mais alors, je ne vous parle pas de la petite brise de printemps. Ici, les rafales te font dévier de ta trajectoire ! Et les bourrasques sont tellement froides qu’elles te lacèrent le visage. Je n’ose imaginer quand le vent atteint plus de 100km/h… Car oui, ici, il peut même aller jusqu’à 120 km/h. Nous sommes rentrés juste à temps quand il s’est mis à grêler. On ne nous avait pas menti, le temps ici est complètement incertain. Il peut changer dans la minute. 

Dernier repas avec Cristian. Le premier jour, il nous avait accueilli avec le petit déjeuner et nous avait même cuisiné un délicieux saumon pour le repas du soir. Ce soir, c’est à notre tour de le remercier en lui concoctant un petit plat. On lui fait des classiques pâtes au thon/citron. Ça l’étonne car ici le citron ne se cuisine pas en salé mais il mange avec appétit. Mission réussie !

Nous avons passé un super moment chez Cristian. Il a été hyper attentionné tout en nous laissant notre espace personnel. Si vous cherchez un logement à Punta Arenas, n’hésitez pas à le contacter au +56 9 7696 2714. Ah oui, et il a un chat, qui s’appelle Bertha et qui aime les câlins. Si ça c’est pas un argument… 

Il y a évidemment beaucoup d’autres choses à faire dans le coin, l’île aux pingouins surnommé « la Pinguinera » est l’une des attractions phares de la ville. On peut aussi faire la balade en bateau sur le détroit et visiter les îles alentours mais tout est excessivement cher. On parle de centaines d’euros… Donc, ne voulant pas cramer totalement notre budget, nous avons décidé d’aller chez les voisins argentins pour faire d’autres activités. Notre prochaine étape c’est donc la célèbre et unique ville d’Ushuaïa. 

Mais avant de vous laisser, j’ai une question pour les potentiels chiliens qui me lisent. Vous pouvez m’expliquer cette engouement pour les saucisses type Knacki ?

Si vous voulez nous suivre à la trace, clique sur l’image. Tu verras tout notre parcours !

La publication a un commentaire

  1. Filliat Christiane

    Cc c’est mamie , très très belle écriture sur le Chili, ce fut un très bon moment de te lire tu pourrais avoir un avenir si tu penses continuer dans ce registre …! J’espère que vous allez bien avec le soleil qui tente de faire voir son nez depuis que le printemps est arrivé ! Pour nous 2 ça va .
    Bonne continuation à vous ! Gros bisous de mamie
    PS : est-ce que tu penses trouvé un éditeur pour mettre tes écrits sur papier ?

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