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Episode 22 : Un saut au bout du monde

Ushuaïa

Y’a pas plus au sud qu’ici…

Nous sillonnons en bus des vallées verdoyantes où les moutons à têtes noires nous saluent quand ils ne sont pas trop occupés à brouter. C’est étonnamment plat ici. Je ne sais pas pourquoi dans mon imaginaire ça grouille de montagnes. L’endroit est complètement désert, seulement deux, trois maisons perdues au milieu de nulle part, résistent. Sûrement boucle d’or et sa famille… Nous arrivons face au détroit de Magellan, à l’embouchure. Incroyable de se dire qu’il y a des centaines d’années, on pouvait voir apparaître un bateau à voile à l’horizon. Nous traversons le détroit en ferry et guettons les dauphins et les orques mais on fait choux blanc.

Tant pis, nous retrouvons notre bus qui continue de descendre au sud du continent. Le paysage est incroyablement vert et florissant. Enfin, apparaissent des collines de plus en plus hautes. On aperçoit des troupeaux de moutons et de chevaux aux alentours des fermes mais aussi des Guanacos sauvages près des rivières. Qui l’aurait cru ? Je m’imaginais la Patagonie remplie de pingouins, pas de Guanacos. Nous passons les frontières terrestres comme des pros. Faut dire qu’on commence à avoir l’habitude maintenant. La route borde l’Océan Atlantique pendant un long moment puis elle s’engouffre de nouveau dans les terres où se dessinent les dégâts du vent à travers les arbres cassés et déracinés. Enfin, nous apercevons les superbes montagnes de la Terre de Feu. Bordées par les lacs, elles se dressent gigantesques, reines de la région à la couronne de glace. Ça y est, Ushuaia n’est plus très loin. Elle nous accueille sous une pluie de petits grêlons qui se calme rapidement. Je ne sais pas comment le prendre…

Si l’on arrive sous la pluie, la visite de la ville le lendemain se fait sous un soleil radieux ! Je crois que dans mon imaginaire Ushuaïa ressemblait plus à une ville sauvage, perdue au milieu de nulle part, faite de petites maisons égarées ça et là… Bon évidemment que ce n’est plus le cas depuis un bon moment ! Le tourisme est passé par là et on le sent grandement. À part une grande allée commerçante où s’alignent les restaurants et les boutiques de souvenirs, l’architecture n’est malheureusement plus ce qu’elle était à l’époque. Hier, lors de notre arrivée, nous sommes passés devant des reconstitutions de maisons coloniales. Dommage qu’il ne reste qu’une touche sommaire de cette architecture aujourd’hui.

Malgré tout on se prend au jeu du tourisme et on apprécie de retrouver un peu de chaleur dans les cafés du centre ville. On goûte à un met très apprécié des argentins… La Milanesa ! Une version revisitée de l’entrecôte milanaise italienne, en version XXL. Je vous laisse admirer la tête de Juju juste avant que je ne lui dise que j’ai trouvé un super restaurant qui en servait et je vous laisse admirer ensuite, sa tête quand je vois qu’il y a des excursions pour aller voir les manchots. On est à peu près sur le même niveau de bonheur !

Pas farouches les piafs du bout du monde

On commence par découvrir le Parc National de la Terre de Feu. La rando peut se faire à la journée et le niveau est assez facile. Alors on embarque le pique-nique et on monte dans le premier bus à 9h pour visiter le parc de fond en comble. Bonne nouvelle, le parc est désormais gratuit alors pourquoi s’en priver ? 

On se fait déposer à l’Ensenada Zaratiegui, près de la jetée sur laquelle se trouve le bureau de poste. Nous ne le savions pas mais si vous souhaitez envoyer un carte depuis ce lieu incroyable, c’est possible ! C’est parti pour 8km de marche, sur la Senda Costera, oscillant entre bord de mer et forêt. Devant nous le canal Beagle est secoué par les vents forts et derrière lui se dressent de magnifiques montagnes aux monts enneigés. Ça plante le décor d’entrée ! La beauté du lieu est indéniable mais on a un peu de mal à profiter du moment tellement il y a du monde autour de nous. On ne s’attendait pas à ce qu’il y ait autant de gens sur le sentier. On se suit à la queue leu leu…

Mais bon, heureusement le paysage nous attrape et nous retient là où d’autres personnes tracent à grande vitesse. Petit à petit, on perd le groupe et on fera une énorme partie de la rando quasi seul au monde ! On est épaté par la couleur spéciale de cette roche. Avez vous déjà vu des plages où les galets sont teintés de bleu ou de vert ? 

Maintenant, oui ! Après avoir longé la côte, on s’enfonce dans la forêt éternellement verdoyante de la Patagonie. Ici, on découvre le Lenga, un arbre à toutes petites feuilles d’un vert profond. On retrouve la mousse et le lichen qui semblent avoir été posés là pour la déco d’halloween! L’ambiance nous fait penser au Seigneur des anneaux. À tout moment, on s’apprête à voir débarquer un elfe ! On découvre ces drôles de fleurs appelées « notro » qui poussent seulement en Patagonie. 

En route, on a eu la chance de voir pas mal d’animaux. Surtout des oiseaux (c’est pour toi les photos qui suivent, papa). On retrouve les Ouettes, cette fois-ci ce sont des Ouettes de Magellan. C’est un peu les stars du parc puisqu’on les trouve absolument partout ici, toujours en couple. Elles figurent même sur le logo du parc, c’est dire leur niveau de célébrité ! 

On voit passer plusieurs oiseaux très près de nous. Ici, ils ne sont pas craintifs ! Je vous laisse admirer le pic de Magellan, un Carancho : ce bel aigle de Patagonie au bec bleu (peut être que lui aussi se gelait les miches) et l’ibis à face noir. C’est bon, j’ai tout bon papa?

Le sentier côtier se termine devant la rivière Lapataia. Ici, on bifurque à droite pour aller voir le mirador du Lago Acigami

Le chemin continue en passant à travers plusieurs lagunes. C’est toujours aussi beau et paisible.

Ensuite nous continuons la route pour aller voir la Castorera avec l’espoir d’apercevoir ses petites bêtes au boulot. Malheureusement, pas l’ombre d’une queue de castor dans le coin. On voit néanmoins leur travail, c’est assez impressionnant. Ces animaux sont de vrais ingénieurs…

Puis, on termine cette belle balade d’une quinzaine de bornes tout de même, par la belle baie de Lapataia. Dans le coin, c’est un lieu assez connu car c’est ici que se termine la route 3 qui relie Buenos Aires à Ushuaia, la route la plus australe au monde menant donc… Al fin del mundo ! Plus largement, elle fait partie de la route Panaméricaine qui traverse entièrement le continent. C’est drôle d’en voir la fin car avec Juju, on a pris des portions de cette route, à plusieurs reprises, pendant notre voyage. On ignorait par contre qu’elle partait de l’Alaska et qu’elle se terminait à Ushuaia, à 17000 km de son point de départ ! 

Non seulement la baie est jolie mais elle est aussi instructive. On apprend qu’autrefois, les Yámanas vivaient ici. C’était un peuple nomade qui se déplaçait en canoë. En 1897, un sondage dénombrait seulement 110 Yámanas, la plupart sont morts des maladies amenées par les Européens, les autres ont été exterminés pour pouvoir utiliser leur terre. Il ne reste plus, actuellement, que quelques descendants. Ironie du sort, aujourd’hui on voit passer, sur ces mêmes eaux, des bateaux de rafting remplis de touristes. 

Il est 17h. Nous sommes dans le bus retour. Fatigués mais heureux de cette journée en terre de feu, qui elle, porte très mal son nom car je peux vous dire que nous n’avons pas eu très chaud! 

Encore un rêve devenu réalité

Le lendemain, nous partons pour une balade maritime sur le canal de Beagle. Une fois monté sur le catamaran, c’est un peu la désillusion. On se rend compte qu’on est nombreux, très nombreux ! Mais on essaie de faire abstraction de cela et de profiter des paysages. Il fait couvert aujourd’hui, ça apporte un côté mystique à ce paysage marin. On commence par s’approcher de l’île aux oiseaux. De loin, on pourrait croire que ce sont des pingouins. Mais ce sont bien des cormorans impériaux. On a l’impression qu’ils nous attendent tous au garde à vous, bien rangés sur leur petite île. 

Les gens s’agglutinent les uns aux les autres pour pouvoir prendre une photo. C’est assez fou de voir que les « animaux » au sens péjoratif du terme, c’est nous… les humains ! 

Puis, le catamaran met le cap sur le célèbre phare du bout du monde, le Phare Les Éclaireurs. C’est sûr, il est très photogénique. Encore plus avec ce temps brumeux, le rouge du phare se distingue particulièrement dans ce paysage en noir et blanc. 

Juste de l’autre côté, on découvre des lions de mers en train de se prélasser. C’est la première fois qu’on en voit d’aussi près, en liberté. On se régale de les voir interagir. 

Puis, direction la tant attendue île Martillo ! Pour y accéder, il faut continuer le canal de Beagle et passer devant Puerto Williams, le village le plus austral au monde, qui se trouve côté chilien. On change d’eau également ! Difficile à croire mais le canal de Beagle est en partie alimenté par le Pacifique. On passe donc dans les eaux de l’Atlantique près de l’île de Gable. Apparement, ça se remarque. Honnêtement, je n’ai pas vu la différence… Et on arrive devant La Pinguinera ! Attention, en espagnol et en anglais, ils ne font pas la différence mais nous avons rencontré des manchots et pas des pingouins ! Plus précisément, nous avons pu voir des Manchots de Magellan avec leur ligne noire sur le buste. Ils sont tellement beaux ! On est comme des gosses avec Ju. Après les avoir mitraillés de photos, on reste jusqu’au dernier moment pour observer leurs moindres faits et gestes. Leur manière de plonger dans l’eau, leur façon d’interagir, leur marche à la fois ridicule et tellement chou. 

Saurez vous trouver l’intru sur cette photo?

Bref, on pourrait y rester des heures. Le bateau néanmoins n’a pas le temps et change de spot. On a la chance de voir de très très loin l’autre type de manchots qui vit sur cette île : les manchots Papou reconnaissables à leur bec et leurs pattes oranges. Bon honnêtement, ils étaient très loin et couchés donc je n’ai, personnellement, pas vu grand chose. Au milieu d’eux se trouvait le seul et unique manchot royal de la colonie. Il n’a rien à faire là mais il s’est perdu il y a 5 ans et depuis réside sur l’île avec les autres. J’imagine qu’il a été bien accueilli et qu’il s’est dit que c’était pas si mal ici ! On le remarque car il est beaucoup plus grand que les autres et a le pelage de couleur orange sur le buste. Bon de là où on est, on voit juste une petite tâche orange. Mais je ne perds pas espoir qu’un jour on les observe de plus près ! En attendant, voici ce petit dessin d’une compagnie d’excursion en Antarctique qui récapitule tous les manchots vivants dans l’hémisphère Sud.

Latitud-argentina.com

On retourne sur Ushuaia après 5h de traversée au total car l’île Martillo est assez excentrée. On a des étoiles plein les yeux. C’était un rêve pour moi de voir des « pingouins » pour de vrai et c’est chose faite. Je n’en reviens toujours pas… On n’a qu’une envie c’est de réserver une expédition pour l’Antarctique mais les prix nous ont autant refroidis que la température…

Le temps se couvre et il se met à pleuvoir. Nous décidons donc de lézarder dans la ville. Puis nous rentrons à la maison, préparer notre sac pour de nouvelles aventures … À toute l’Argentine, on repasse au Chili !

Si vous voulez nous suivre à la trace, clique sur l’image. Tu verras tout notre parcours !

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