El Calafate – El Chaltén – San Carlos de Bariloche
De quoi nous donner des frissons !
Nous repassons une nouvelle fois la frontière direction l’Argentine car nous sommes tout près d’un très bel endroit. Bon, quand je dis « tout près », c’est quand même à 6h de route mais nous sommes tellement habitués à rester plus de 10h dans un transport que pour nous 6h, c’est vraiment à côté.
On s’arrête dans la petite ville d’El Calafate située au pied du champ de glace sud de la Patagonie sur la cordillère des Andes. C’est clairement une ville de montagne touristique, on entend parler anglais, français, allemand mais rarement espagnol ! La ville reste quand même sympathique. On reste d’ailleurs dans une de nos meilleures auberges de jeunesse, l’hostel Bigua 64, qu’on vous recommande vivement pour le confort des lits avec petits rideaux et l’ambiance chill qui se dégage de cette toute petite auberge. Il y a seulement 4 chambres partagées donc on ne se marche pas dessus !
Bref, si on est ici, c’est pour aller voir le fameux glacier Perito Moreno de plus près. Avec ses 254 km2, c’est une belle bête qui nous attend ce matin. Dès le premier mirador, nous sommes impressionnés et pourtant il est encore loin. Mais on se rend compte de la surface sur laquelle s’étend ce glacier. C’est immense !

Nous continuons de sillonner la petite route qui nous rapproche de plus en plus de ce géant de glace. Arrivés sur le site au début de la balade, nous avons la bonne surprise de ne pas voir grand monde. On marche tranquillement direction notre premier mirador et là ouaw ! On débarque là dessus :

Je n’ai pas vraiment les mots pour vous expliquer l’émotion. C’est la première fois que nous voyons un glacier d’aussi près avec Julien. C’est hyper impressionnant. On a énormément de chance car la météo est parfaite. On arrive à voir « la zone d’accumulation » c’est à dire la zone dans la montagne où le glacier naît. Elle se situe à 1170m d’altitude au pied des différents monts enneigés qu’on peut voir au fond.



L’énorme péninsule de glace au premier plan est en fait « la zone d’ablation« , là où le glacier fond, se séparant de plus ou moins grandes parties de lui même et formant ainsi des icebergs.

Et ça les amis, même si on savait plus ou moins comment fonctionnait un glacier, on ne s’attendait pas à voir cette montagne de glace aussi vivante ! À peine arrivés au premier mirador, on entend un énorme bruit. On se précipite alors pour voir qu’un énorme bout de glace était tombé dans l’eau du lac. On se sent trop chanceux d’avoir pû assister à un tel évènement. En réalité, on verra énormément de morceaux de glace, plus ou moins gros, se détacher du glacier. Le bruit assourdissant que provoque même le plus petit bout de glace tombant de plusieurs dizaines de mètres nous laisse bouche bée. En plus de ce son là, le glacier ne cesse de craquer sous la chaleur du soleil. C’est un véritable spectacle vivant auquel nous sommes agréablement surpris d’assister.
On parcourt les quelques miradors de la zone ouest où le glacier est « seulement » à 40m de hauteur avec en dessous de lui entre 60 et 120m de glace. Ici, c’est la zone avec le plus d’activité car c’est ici que le courant du Brazo Rico est le plus fort, s’éclatant contre la paroi du glacier avant de rejoindre à l’ouest le Lago Argentino.


Sur les miradors du centre, nous arrivons au plus près du glacier. Sa beauté est indéniable. On peut voir tous les détails de la glace, toutes ses nuances incroyables de bleu.


Le bout d’un iceberg se détache, ce qui le déséquilibre et le retourne laissant apparaître la partie immergée. Impressionnante par sa taille, elle l’est aussi par sa beauté. La transparence de la glace mouillée teintée d’une palette de bleu unique se transforme lentement sous nos yeux en se matifiant sous l’effet du vent et du froid.


On termine par observer la partie Est, la plus haute puisque le glacier peut atteindre jusqu’à 70m de ce côté là. La partie immergée va de 55 à 160m de profondeur. Il s’ouvre sur le magnifique lago Argentino.


Le Perito Moreno est un glacier connu car c’était un des rares au monde qui continuait d’avancer, environ 2m par jour. Mais ça c’était avant… Le réchauffement climatique a réussi à en venir à bout et depuis 2020, il recule…




On aura passé près de 4h sur place à admirer sa beauté, à s’en imprégner avant de repartir. C’est précieux pour nous surtout quand on sait qu’elle est éphémère, maintenant que le compte à rebours est enclenché. Une dernière photo et on s’en va direction le musée du glacier.

Au Glaciarium, nous apprenons qu’il y avait une digue de glace qui reliait le glacier à la péninsule de terre. Mais elle s’est effondrée avec fracas en seulement 3 jours il y a quelques année de ça. L’effondrement à été filmé, vous pouvez le voir ci-dessous. C’est assez impressionnant.
Le musée est plutôt bien fait. On nous explique comment se forme la glace, quelles sont les particularités des glaciers de la région et du monde entier. On voit d’ailleurs des photos de notre pauvre Mer de Glace, enfin ce qu’il en reste. Mais ce qui me scotche le plus, c’est ça :

La perfection de ces flocons, tous uniques et tous incroyablement beaux. La nature est bluffante.
Tu me vois, tu me vois plus
Aujourd’hui, nous arrivons dans « La Mecque de la randonnée ». Ah, vous ne vous y attendiez pas à celle-ci !? Et bien si, avec Juju, on a bien pris goût à la marche et on a décidé de passer quelques jours à El Chalten. Situé à seulement quelques kilomètres au nord d’El Calafate, c’est un village qui a vu sa population considérablement s’accroître avec l’arrivée des touristes dans les années 1980s. C’est le paradis des randonneurs car tout est faisable à pied en partant directement du village.

Au programme, la randonnée du Lago de Los Tres qui nous amènera au pied du Mont Fitz Roy. C’est sous un beau soleil que nous entamons les 20 km qui nous attendent. Visiblement, nous ne sommes pas les seuls à profiter du beau temps. Devant nous, un immense groupe de traileurs commencent à trottiner et quelques marcheurs nous précèdent et nous suivent. Bon, pour la tranquillité, on repassera. En même temps, c’est peut-être l’une des randos les plus connues du pays ! Qu’à cela ne tienne, on profite tout de même de la magnifique vue sur El Chalten à mesure qu’on prend de la hauteur. De l’autre côté, on aperçoit des monts enneigés, petit aperçu de ce qui nous attend plus loin.


La rando est plutôt facile au départ. On monte dans la montagne avant de sillonner à travers bois. Le chemin se sépare en deux au bout de quelques kilomètres. On choisit la route du mirador et on fait bien ! On découvre au loin notre objectif du jour : le Mont Fitz Roy. La rumeur veut que cette chaîne de montagne ait inspiré le logo Patagonia. Alors à vous de juger :


Logo ou non, la vue est déjà à couper le souffle. Un randonneur français nous glisse à l’oreille que nous avons beaucoup de chance car il est rarement découvert. Avec ses 3375m, c’est la plus haute montagne du coin. Il a donc souvent la tête dans les nuages.



Après 8km de marche plutôt tranquille, on entame la partie hard. Difficile par le sentier qui se transforme en pierrier glissant mais aussi par le nombre de randonneurs qui ne cesse d’augmenter. Entre ceux qui descendent et ceux qui font une course à la montre pour monter les premiers au sommet, ça enlève beaucoup de charme à la balade. Heureusement, on a eu la bonne idée de louer des bâtons pour les planter dans les jambes des gens qui nous bousculent 😁.


Enfin, on arrive au sommet… couvert ! Bon, on est quand même content. Quand je dis « on », je veux dire Juju est content. Moi, j’ai clairement les boules. Mais bon, ainsi va la vie… Mère Nature m’enseigne que « you can’t always get what you want » (oui, Mère Nature parle anglais). Le lieu de picnic est quand même incroyable. On arrive à se trouver un petit coin, à l’écart du monde pour observer ces pics jouer à cache-cache avec les nuages.


Au pied du Fitz Roy, on découvre deux lagunes. L’une est complètement gelée recouverte de glace. On a envie de faire un ventre qui glisse géant dessus mais il paraît que c’est dangereux… Bande de rabat-joies… L’autre est d’un bleu intense comme on commence à les connaître mais qui ne déçoit jamais.


Derrières nous, la vue sur la vallée n’est pas mal non plus.

Il est l’heure de descendre. Et alors là mes amis, c’est loin d’être une partie de plaisir. Nous sommes tous à la queue leu leu sur un terrain ultra glissant. Juju le pro descend ça comme un chef. Quant à moi, je manque d’embrasser le sol à plusieurs reprises. Mais j’ai réussi à ne pas tomber ! Cadeau de Mère Nature (pour s’excuser j’imagine), un renard roux traverse juste en face de nous, certainement à la recherche d’une fin de picnic ou du cadavre d’un malheureux randonneur qui aurait pris un coup de bâton 😈.


Ironie du sort, après une heure de descente infernal et de jambes tremblantes pour ma part, je me retourne et je vois le Fitz Roy complètement découvert! « You can’t always get what you want mais si t’es patient t’auras peut être autre chose qui sera tout aussi bien » sera vraiment la leçon du jour. On profite de la vue car même si nous ne sommes pas au pied, on n’est tout de même pas loin.


Puis, c’est parti pour la fin de la balade et peu à peu, le monde s’éparpille et on retrouve de l’espace.


Au croisement des deux chemins, on fait le choix de la Laguna Capri. La vue est très sympa d’ici. On se croirait sur une petite crique de méditerranée. Un aigle Carancho vient se dégourdir les pattes (et piquer deux trois chips) sur la plage . Il prend la pose à poil, ou plutôt à plume, pour Juju.




Après 8h de marche, nous voilà de retour à la maison. Honnêtement, c’est une belle rando mais le monde fait que nous n’en avons pas profité comme on aurait aimé. On se sent vidés au lieu de ressourcés, même si la beauté du lieu est indéniable. Heureusement demain est un autre jour et une autre randonnée nous attend.
Sommes-nous toujours des randonneurs du dimanche?
Aujourd’hui, même programme que la veille mais la destination est différente. On part pour 20 km de rando pour aller voir le Cerro Torre et son glacier. On a un peu moins de chance qu’hier sur la météo car ils annoncent de la pluie en début d’aprèm. On part donc aux aurores pour espérer passer entre les gouttes. Le soleil se lève doucement sur la vallée.

Dès le début, la différence est nette entre les deux parcours. Pas un chat sur le sentier qu’on empreinte. Après même pas 1km de marche, Juju, devenu observateur d’oiseau professionnel, réussit à repérer un pic de Magellan qui nous fait une Woody Woodpecker.


Un tout petit peu plus loin, on entend comme un cri de perruche. Ce sont des conures magellaniques plus exactement. Elles semblaient s’engeuler pour savoir où manger. Mais visiblement, elles se sont mises d’accord car elles se sont toutes ruées sur l’arbre à notro pour un festin collectif.


Un petit lapin passe l’air de rien juste derrière les perruches. L’avantage de se lever tôt, c’est qu’on peut côtoyer les animaux. On garde l’œil ouvert pour un puma ou un huemul mais les vilains se cachent bien.

La rando est beaucoup plus facile qu’hier. Le sentier, majoritairement plat, sillonne entre forêt et bord de fleuve. Les aiguilles du Cerro Torre se dévoile vite sous nos yeux. On aperçoit même le pic du Fitz Roy (encore découvert). On a de la chance, pas une goutte de pluie à l’horizon et les nuages ne recouvrent pas du tout les montagnes.




La balade est hyper agréable. On croise quelques randonneurs mais pas beaucoup. Rapidement, on arrive au pied de la Laguna Torre. Elle nous offre un panorama sublime sur la chaîne de montagne avec un soupçon d’icebergs. Effet miroir sur le lac tout simplement sublime.



On suit le petit chemin sur la crête. Il nous amène au mirador du glacier Torre. Une fois en haut, on voit très bien les deux zones d’accumulation et d’ablation (vous vous souvenez 😉?). Ce sera notre spot picnic de la journée. Décidément on va avoir du mal à remanger dans une cuisine!




Le soleil nous réchauffe le dos. Nous avons trouvé un petit coin à l’écart pour manger. C’est ça le paradis ? Les tours du Cerro Torre se cachent progressivement derrière les nuages. Il est temps de partir avant de se retrouver trempés jusqu’aux os. On trace un peu sur le chemin du retour. Seulement quelques petites gouttes de pluie viennent nous rafraîchir. Mais l’orage est encore loin.

On rentre ressourcés de notre balade en nature, bien plus qu’hier. Peut-être même un peu trop détendu du côté de Juju qui glisse sur la dernière partie du chemin, si près du but. Rien de cassé à part son égo, ne vous inquiétez pas ! Pour le réconforter, on va manger notre glace du jour au délicieux glacier de la ville, le Domo Blanco. S’il y avait une carte fidélité, on aurait déjà une glace gratuite tellement nous y sommes allés. Bon, par soucis d’équité pour ceux qui n’ont pas une dent sucrée, on a aussi gouté les bières du coin… Vous pouvez y aller, elle ne sont pas mal du tout !


Ah oui, d’ailleurs en parlant de sucré, on a testé deux spécialités argentines. D’abord, le submarino ! Une sorte de revisite du chocolat chaud où tu fais fondre un chocolat dans du lait chaud. Sur le papier, ça s’annonce délicieux. À la dégustation, c’est pas folichon. Le chocolat ne se mixe pas vraiment avec le lait… Bref, c’est un flop. C’est rare mais ça arrive ! Heureusement, les alfajoles ne decoivent pas. Ici, il en existe de toutes les saveurs, pas juste au caramel comme on a pu en trouver au Pérou. Et la recette a l’air différente en Argentine. On a testé celle à la baie de calafate. Sucré et acidulé, cet alfajol a fait frétiller nos papilles !


Ce fut la dernière rando de nos 6 mois en Amérique Latine. Top de terminer avec celle-ci, dans ce village emblématique du trek. La magie du voyage nous a transformé, nous, les randonneurs du dimanche. Maintenant on a qu’une envie, c’est de découvrir les treks français ! Qui se joint à nous ?

En attendant, je vous laisse avec une jolie vidéo qui récapitule nos deux jours de randonnée ici. Et je retourne faire mon sac, demain on continue notre route vers le nord !
Annecy en Argentine
À la fin de notre séjour à El Chalten, on se rend compte que notre périple en Amérique touche bientôt à sa fin… On va donc enchaîner plusieurs longues distances pour pouvoir être à temps à Santiago de Chile. L’idée, c’est de ne pas rater notre vol, tout en profitant de la route. Donc on choisit de remettre à plus tard le parcours de la « Carretera Austral », cette route hyper scénique traversant toute la Patagonie. Et on saute dans un bus direction San Carlos de Bariloche, notre dernière étape en Argentine. Il nous faudra 31h de transport pour la rejoindre (contre 24h annoncées… Merci la panne en pleine nuit)!
Bariloche, c’est un peu la petite ville de montagne populaire car elle est au pied de plusieurs stations de ski l’hiver et de plusieurs parcours de randonnée l’été. C’est juste une étape pour nous alors les randos ne sont pas au programme. On profitera de son centre ville grouillant de petits commerces, notamment de chocolatiers magnifiques ! Tout est aux couleurs de Noël car oui, on est déjà en décembre.


La ville nous fait pas mal penser à Annecy car elle est bordée par un immense lac de montagne. D’ailleurs, on tombe sur le skate parc le plus beau du monde. Regardez moi cette vue !

La ville est assez bien aménagée, il y a une belle balade sur la jetée. On en profite pour déguster une glace et faire du lèche-vitrine. La halte est reposante, relaxante. On aime cette ambiance de station de ski et cette architecture en pierre et en bois. Ça nous fait vraiment pensé à certains coins des Alpes que l’on connaît. C’est presque la maison !





On ne se lasse pas de cette vue sur cette chaîne de montagnes, la tête dans la neige. On restera un bon moment à profiter du soleil et du beau panorama. C’est bon de lézarder. Le temps ralentit. On met tout sur pause et on profite.


Aurevoir l’Argentine. Tu n’étais pas vraiment prévue au programme car on pensait faire la Patagonie Chilienne seulement. Mais le voyage c’est beaucoup de rencontres et grâce à celles-ci, notre itinéraire est en constant mouvement. On ne va pas faire de bilan comme pour les autres pays car nous n’avons fait que des sauts de puce ici. Néanmoins, le peu qu’on a vu nous a donné envie de revenir et d’explorer un peu plus. On a trouvé les gens adorables (même si, oh mon dieu, leur accent est incompréhensible). La nourriture ici est juste extraordinaire, clairement dans le top de notre classement pour le moment, entre les empañadas et les alfajoles, notre cœur balance… Leur réputation ne leur fait pas défaut, la viande est à chaque fois délicieuse et ça ne coûte rien. D’ailleurs, je ne vous ai même pas parlé des parillas qu’on trouve presque à chaque coin de rue. Le barbecue, c’est un peu une spécialité ici. Et en ce qui concerne les paysages, je pense que les photos des articles sont assez parlantes. C’est donc juste un aurevoir ! À dans quelques années l’Argentine 😊


Bilan Patagonie
La Patagonie faisait partie des régions qu’on ne voulait pas rater. Nous avions donc certaines espérances sur cette terre du bout du monde. Autant vous dire que nous n’avons absolument pas été déçu !
Ce qu’on a adoré :
– les paysages à couper le souffle qui nous ont émerveillés plus d’une fois. Non mais on a vu des icebergs ! Incroyable !!
– faire de la randonnée : rien de mieux pour découvrir la région ! Ça a renforcé notre amour de la rando.
– la nourriture : on garde encore en mémoire les empañadas, les alfajores et la viande au barbuc…
– l’amabilité des gens : malgré le tourisme, l’accueil est toujours aussi chaleureux et les gens d’une gentillesse incroyable.
– voir des pingouins dans leur environnement naturel !! 😁
Ce qu’on a moins aimé :
– ça reste une région très touristique et donc forcément un peu moins authentique par endroits.
– qui dit tourisme dit monde et on garde un souvenir amer de la rando du Mont Fitz Roy, beaucoup trop bondée pour nous.
– c’est aussi une région qui fait mal au portefeuille.
Biiiiiip biiiiiiip ! Ah, le bus pour traverser la frontière nous attend. Rendez vous au prochain épisode!