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Episode 11: C’est pas le Pérou… Ah bah si !

Santa Rosa – Iquitos – Chachapoyas – Tingo Viejo

Derniers bateaux pour le Pérou

Ça y est, nous sommes arrivés au Pérou, plus précisément à Santa Rosa, en traversant la frontière sur le fleuve. C’est une frontière assez spéciale puisque c’est une triple frontière : Colombie, Pérou et Brésil. La traversée est plutôt épique. Comme vous le constatez sur les photos suivantes : c’est le bordel ! Il faut trouver un passeur pour aller au Pérou. Nicolas fait un signe de la main à un gars et ça marche ! Nous n’étions pas trop rassurés de rejoindre notre barque en passant par le ponton fait de bric et de broc mais écoutez, je suis là pour vous le raconter donc tout s’est bien passé !

Après s’être acquitté des démarches administratives, on part à la recherche d’un Hostel pour la nuit. À l’auberge, on retrouve un de nos camarades brésiliens qui voguait avec nous sur l’Amazone. Il part le jour même pour Iquitos. Nous qui pensions devoir attendre un jour ! Illico presto, on annule notre nuit et prenons un billet, à l’auberge, pour ce même bateau. Heureusement d’ailleurs car sinon nous serions, en fait, partis deux jours plus tard. En effet, le lendemain c’était jour de fête nationale, Santa Rosa de Lima donc tout serait fermé. On a de la chance d’être tombé sur lui ! 

Le plus dur a été de réussir à faire changer de l’argent. Un seul point le permet et il n’est pas très bien indiqué alors je vous mets la procédure à suivre juste ici si ça peut aider !

Enfin « riche », on s’offre notre premier ceviche ! 😋 C’était certainement pas le meilleur ceviche mais pour nous c’était un soulagement de changer des pâtes, du riz et du poulet du bateau. Donc on se régale ! Juju se sent d’humeur audacieuse et essaye même le jus de Mora (jus de maïs violet très sucré) : pas mauvais mais peut être écœurant à la longue.

Santa Rosa est un petit village bien sympathique à la croisée de 3 pays, vivant uniquement du tourisme et des gens en transit. Tout est fait pour passer une journée agréable. Il y a pléthore de restaurants, quelques hôtels et boutiques. Finalement, on ne profitera que du restaurant avant de partir dans la foulée.

Il est temps de se rendre au Speed Boat pour rejoindre Iquitos. Ici pas d’indications alors on demande aux locaux. On passe à travers un chemin de terre au milieu des champs pour rejoindre le deuxième port de la ville. Car, attention, le bateau pour Iquitos ne part pas du même port par lequel on arrive de la frontière Colombienne ou Brésilienne.

Il faudra 22h30 de bateau pour rejoindre Iquitos (20h sur le papier), donc une nuit à bord. Nous retrouvons les tamales et découvrons l’Inca Cola pour le repas du soir. L’Inca Cola a un goût de bubble gum, je crois que Julien est déjà accro… Et les tamales sont délicieuses, nous sommes ravis de les retrouver. On essaie de dormir tant bien que mal sur nos fauteuils. Ce sera pas notre meilleure nuit mais le lendemain midi, nous sommes arrivés. 

Tuk-tuk land !

On débarque dans une ville très touristique… sans touristes ! Pourquoi ? Ils sont tous dans la jungle. Iquitos c’est un peu l’équivalent péruvien de Manaus. Les gens arrivent et partent aussitôt en trek dans la jungle. Iquitos est quand même un peu plus accueillante que Manaus. C’est la plus grosse ville au monde desservie seulement par des voies fluviales et aériennes. Pas une seule route ne relie Iquitos au reste du Pérou. En effet, la ville est assez excentrée, elle se trouve seulement à une journée de bateau (rapide) de la frontière colombienne et brésilienne, au beau milieu de la jungle amazonienne.

C’est au port que nous disons au revoir à Nicolas, notre dernier copain français rencontré sur l’Amazone, qui sera peut être futur Stéfanois. Donc forcément quelqu’un de bien.

On monte à bord d’un tuk-tuk pour rejoindre notre auberge. Ici il n’y a que ça ! Beaucoup de tuk-tuks, quelques bus qui ressemblent à de grands combis volkswagen et des motos qui slaloment entre les deux. Il est 12h, nous traversons la ville sous un soleil de plomb. Ici on atteint les 40 degrés avec une humidité forte. Dès le matin, il fait très chaud, alors l’aprèm…

On part déjeuner et on découvre qu’on a déjà goûté à une spécialité du coin, Juane : boule de riz fourrée à l’oeuf et à la viande accompagnée de banane et de sauce à l’ail. C’est ce qu’on avait pris pour des tamales sur le bateau. Pas mal du tout, au moins ça cale. Juju reprend même un inca cola, addict qu’il est déjà!

Un marché peu ordinaire

Le lendemain, on part à la découverte de cette ville coupée du monde. Petit tour chez Bitel, l’opérateur téléphonique local où nous arrivons tant bien que mal à dégoter une carte sim après avoir choqué le vendeur qui n’en revenait pas qu’en France on n’ait qu’un seul nom de famille… Puis direction le marché de Belén, un énorme marché à ciel ouvert. Notre hôte nous conseille d’y aller seulement entre 7h et 10h du matin « porque el ladrón esta dormiendo 😴 ». En effet, le lieu est bondé dès 8h. On quitte notre petit quartier tranquille pour trouver les odeurs mélangées de toutes les marchandises, le brouhaha de la foule, bref la vie de cette petite ville de 33 000 habitants.

Le marché est incroyable. Viandes et poissons sont étalés tels quels sur des planches en bois, parfois protégés par de grandes feuilles végétales. On y trouve viscères et abats, pattes de poulets, langues de bœuf et pattes de chèvre. On découvre une nouvelle espèce de poisson noir, ressemblant aux poissons chats, vendus encore vivants sur l’étale. On retrouve le Mora que Julien a dégusté en jus, ce fameux maïs rouge, vendus en épis au milieu des fruits et légumes.

Sur le stand d’à côté se trouve l’Aguaje, un fruit typique d’Amazonie qui se mange avec une pointe de sel. On continue en passant à travers une partie du marché qui est couverte. À l’entrée, des femmes battent une préparation avec un espèce d’énorme ressort. On s’approche curieux et on ose demander ce que c’est. La dame nous fait déguster sa boisson (plutôt mousse en réalité) à base d’œuf, vanille et sucre. On décide d’en prendre un verre, elle y rajoute une préparation chaude à base de yucca. C’est bon mais très écœurant. On quitte très vite la partie couverte du marché car on y vend seulement de la viande rouge et l’odeur est terrible. 

Puis on déambule au milieu des fruits et légumes jusqu’à la limite de la partie basse, partie plus pauvre et dangereuse pour les touristes. Inondée l’hiver, le marché se fait en barque dans cette partie-là. Toutes les maisons sont sur pilotis. Cependant, l’été (et nous sommes à cette période) l’Amazone est moins haute, donc il y a seulement de la boue, moins sympa. 

On continue notre balade dans ce marché hyper vivant et on tombe sur une partie d’un autre temps : le Pasillo Paquito. Egalement appelé《passage des sorcières》 car ici on y trouve majoritairement des femmes qui vendent toutes sortes de plantes médicinales et autres objets vaudous pour nettoyer le corps et l’esprit. On y voit plusieurs serpents empaillés, des crânes de crocodiles ainsi que des pattes entières de croco censées nettoyer le mauvais œil si on se lave avec d’après la vendeuse ! On papote avec une autre qui avait toutes sortes de flacons avec des plantes infusées à l’intérieur. On finit par lui acheter une écorce qui sent incroyablement bon. Bref, lieu mystique et magique. Impossible de passer à côté si vous faites le marché de Belén.

Ma sorcière préférée !

On s’en va petit déjeuner et je goûte par la même occasion un nouveau jus. Ce sera jus de Cocona pour moi, un fruit qui ressemble très fort au kaki mais qui n’en a pas du tout le goût. Je dirais un mélange entre l’ananas et la poire. Ce n’est pas mauvais mais ce n’est pas ce que j’ai préféré jusqu’à présent. 

Des têtes réduites et des grandes coiffes !

Le Musée des Cultures Indigènes d’Amazonie sera la suite de notre programme du jour. À l’intérieur, un peu d’histoire sur chaques tribus qui vivent en Amazonie, côté Péruvien ou Brésilien. On découvre leurs coutumes, leurs croyances et leurs habits traditionnels. On apprend que certaines tribus péruviennes utilisaient des vêtements avant l’arrivée des colons d’ailleurs. Ce qui nous marque, ce sont ces immenses sarbacanes de plusieurs mètres de long, ces coiffes à plumes toutes plus impressionnantes les unes que les autres, ce soucis du détail dans le motif de certains vêtements et masques. Et puis surtout, surtout, on y voit les incroyables têtes réduites dont la fabrication reste encore mystérieuse.

Bref, avant nous, un seul visiteur seulement avait signé le registre, il n’y a donc pas foule. Et pourtant, ce musée regorge d’informations et d’images importantes et il mérite qu’on s’y attarde au moins une petite heure. En plus, il ne coûte pas très cher.

Puis on flâne en centre-ville. Malheureusement, à l’époque où nous y sommes, de grands travaux de réaménagements ont commencé, alors le tour du centre est assez réduit. Néanmoins, on passe quand même voir la fameuse « maison de fer« , une maison qui vient de France car construite suivant les plans de Gustave Eiffel ! Elle a été repérée à Paris, lors de l’exposition universel de 1889, par un riche business man qui roulait sur l’or à l’époque du boom du caoutchouc. Il eut un véritable coup de cœur pour cette maison qu’il fit entièrement démontée et remontée dans le centre d’Iquitos. Malheureusement invivable dû à sa chaleur car conçue entièrement en fer, elle abrite maintenant des boutiques et un restaurant. Incroyable mais vrai !

Casa de Fierro

Il est temps de manger un bout, alors nous fuyons le bruit du centre ville pour retrouver notre petit quartier sympathique. On goûte aux empañadas ici. Et verdict : elles sont aussi bonnes que partout ailleurs. On va donc pas arrêter d’en manger de si tôt ! Et pour le dessert Juju tente un dessert du coin, la torta de 3 leches. Un gâteau avec 3 types de lait différents, lait entier, lait concentré sucré et lait concentré non sucré. Pas mal en petite portion mais en grande, ça devient un peu écœurant. J’ai l’impression de dire ça à chaque fois mais c’est vrai, ils mangent très sucré ici !

On rentre se mettre à la fraîche. Ici il fait plus de 40 degrés quand le soleil est à son zénith. Avec l’humidité, ça devient vite étouffant. Juste le temps d’acheter des fruits à la supérette du coin (2€ les 500g de physalis, j’en reviens toujours pas !) et nous partons en hibernation pour quelques heures. Heureusement demain nous retrouvons la fraîcheur des villes plus hautes en altitude, on a hâte !!

Bye bye Iquitos 👋

La gentillesse incarnée

Nous partons tôt d’Iquitos ce matin, direction le plus petit aéroport que nous ayons vu ! Des vols quotidiens relient Iquitos à Tarapoto. On en profite et on prend l’avion de 10h30… qui arrive à 11h30. Il ne faut pas être pressé ici. Les horaires sont une indication, jamais une vérité et ce, même à l’aéroport ! Arrivés à Tarapoto, nous sautons dans le premier tuk-tuk qu’on trouve, direction la gare routière où on a la chance phénoménale de trouver un bus qui s’apprêtait à partir pour notre prochaine destination. Billet en main, on se faufile tant bien que mal à l’arrière de celui-ci et c’est parti pour 8h de route ! Ah bah non, ce sera 9h de trajet finalement. Mais nous ne sommes plus à ça près 😂.

Assise à côté de moi, une mère qui voyage avec sa fille entame la discussion. J’apprends qu’elle vient de Chachapoyas et qu’elle travaille à l’université. On se raconte un peu nos vies puis la discussion se tarie. Un peu plus tard on passe devant une énorme église évangélique dans un bled paumé. Ma voisine me dit qu’elle travaille dans l’université qui se trouve ici (pas si paumé que ça le bled) et qu’elle déteste les évangélistes car ils ont refusé qu’elle fasse la promo de l’université dans la ville sous prétexte que les femmes ne doivent pas être incitées à faire des études mais doivent rester à la maison pour assister leur mari. Vision très archaïque, encore présente en 2023. Un peu plus loin encore, on passe devant la Laguna de los Condores et la dame nous raconte que c’est un des endroits les plus mystérieux du Pérou. Son histoire est assez terrifiante. Autrefois, un village résidait dans cette vallée. Mais une pluie torrentielle s’abbatit sur le village pendant 4 jours durant, noyant le village et ses habitants, formant ainsi la lagune actuelle. La légende raconte que les habitants ont été transformés en sirènes, attrapant toute personne osant nager dans cette lagune. De fait, il est interdit de s’y baigner. Effrayant non? 

Arrivés à 21h à Chachapoyas, nous nous rendons compte que notre hébergement n’est pas du tout à côté du terminal de bus où on nous dépose. Heureusement notre ange gardien de voisine nous propose de nous amener à notre auberge, sans même savoir où c’est ! Nous sommes touchés par sa gentillesse et celle de son mari qui venait la récupérer. Elle nous prend dans ses bras pour nous dire au-revoir. Nous ne connaissons même pas son prénom. C’est aussi ça le voyage, la beauté des rencontres éphémères avec des inconnus qui agissent comme si nous étions de la famille.

On se couche heureux, dans le lit le plus confortable du monde entier !! Si toi aussi tu veux le tester, l’auberge s’appelle Hospedaje Mi Peru, elle est super bien située et dispose aussi d’une cuisine sur le toit avec une vue d’enfer sur la ville. Mais surtout surtout… LE LIT ! Incroyable, on en rêve encore. 

La petite vue de la cuisine

Un ville qui nous charme

Le lendemain, nous partons à la découverte de cette petite ville de montagne dont l’ambiance nous rappelle un peu celle des petites stations de ski françaises. On s’y sent bien tout de suite. Les gens nous disent bonjour comme si nous étions dans un petit village alors que Chachapoyas accueille tout de même 30 000 habitants, c’est même la capitale de sa région, la région Amazonas. Ici, pas d’insécurité, on se balade tranquillement. Juju mitraille de photo le centre ville et la « Plaza de Armas » (j’ai l’impression que c’est le « zocalo » local : appellation de la place centrale d’une ville). Il y a de quoi faire, en même temps. Chachapoyas est un magnifique témoignage des maisons coloniales blanches avec leur balcons en bois sculptés et leur toit en tuile. C’est sublime. 

Et comme si elle manquait d’arguments pour nous convaincre, Chachapoyas est aussi connue pour ses boulangeries. En effet, on en croise plusieurs en marchant. Bon, on est loin de la boulangerie française, ici le kitsch règne quand il s’agit de faire des gâteaux mais on s’adapte ! On jette notre dévolu sur la Panadería San José, près de la place centrale. On dévalise la boulangerie pour une poignée d’euros et on s’installe manger notre butin sur les bancs de la place. On mange par hasard une spécialité du pays, le « churro« , qui ressemble aux chouchous du sud : un espèce de beignet recouvert de sucre, ici fourré à la confiture de lait. Du gras et du sucre, tout ce qu’on aime! On goûte aussi aux « alfajores« , une autre spécialité. Ce sont deux petits biscuits sablés qui entoure du Dulce de Leche. Pas mal du tout ! 

On se sent d’attaque pour monter tout en haut des escaliers afin d’admirer la ville entourée de montagnes. Le point de vue est assez chouette. On pousse même un peu loin pour voir de l’autre côté. C’est tout aussi beau. 

Avez vous trouvé la Plaza de Armas?

On continue la balade en redescendant de notre colline et en se perdant dans la ville. On tombe sur un petit marché d’artisans où les gens sont curieux de savoir d’où l’on vient et ce qu’on fait ici. Effectivement, on doit être les seuls touristes dans le coin ! Ce marché, c’est un peu un joyeux mélange de tout dans une rue piétonne. Ah oui, les motos-taxis sont interdits ici. Le volume sonore est donc bien moins élevé. Chachapoyas, décidément tu as tout pour plaire. 

Vous le voyez venir le monsieur à la chemise rouge ? C’est lui qui nous a bombardé de questions 🤣

Du piment et des fourmis

Puis on part visiter l’incroyable marché couvert où les étales de fruits et légumes traversent entièrement l’allée principale. Seulement une petite partie est consacrée à la viande à l’étage. On y trouve aussi des dizaines de Juguerías, petite boutique proposant des jus de fruits frais, où on déguste un excellent jus de fraise. Et devinez quoi, il y a même du fromage !! On n’hésite pas une seconde, on est en manque total ! On tombe sur une vendeuse hyper drôle, qui se moque gentiment de notre niveau d’espagnol. Effectivement, je lui demandais si le fromage était au lait de « cama » au lieu de « baca ». Elle me dit que c’est difficile de traire un lit, c’est plus simple avec une vache 😜. Juju demande ensuite comment le manger, elle nous répond de simplement le mettre dans sa bouche et de le mâcher 😂. On rit tous les trois, j’aime ces petits moments de partage avec les locaux. Sur ces vrais conseils, on part à l’étage, acheter des petits pains pour manger avec le fromage (oui oui il y a du pain aussi, est ce qu’on est mort et au paradis?). La boulangère est adorable et les pains sont délicieux. Elle nous en offre un par pur générosité. 

Et des beaux piments !!

On profite de ce superbe marché pour faire quelques courses supplémentaires de fruits et on va dans un petit café pour déjeuner. Le café Fusiones est super si vous cherchez un endroit calme où manger végétarien (pas simple en Amérique Latine et on commence un peu à saturer de manger de la viande). On a jeté notre dévolu sur les soupes mais il y a beaucoup d’autres choix à la carte. Café à retenir, la cuisine est excellente ! 

La pluie nous fait regagner nos pénates. On ressortira le soir pour tester un restau chic, El Batán del Tayta, à l’ambiance sauvage puisqu’une jungle artificielle y a été recréée. Les chaises sont directement taillées dans de grands troncs d’arbres, les tables sont en fait une souche sur laquelle repose une pierre taillée. Le tout est organisé dans une salle où pendent lianes et verdure en tout genre. Un lieu magique. Et on s’aperçoit en regardant la clientèle que c’est aussi un lieu chic. En effet, il faut compter une vingtaine d’euros par tête ici, ce qui est très cher pour le Pérou. On boit nos premiers Pisco Sour : cocktail typique Péruvien ou Chilien (ça dépend où on se situe), un délice. On en boirait des litres ! Sur la carte, on trouve le fameux cochon d’Inde cuisiné. Ça ne nous tente pas vraiment. Juju a voulu tester un plat amazonien, un peu déçu car très sec. Par contre, j’ai testé le ceviche ici et je vous le recommande à 100%. On commence à reconnaître les marqueurs de la cuisine Péruvienne. Le ceviche par exemple est toujours servi avec des oignons rouges, souvent en sauce, et du maïs sous plusieurs formes, toasté ou cuit à l’eau ou à la vapeur. Et ici, c’est la truite qui est reine ! On la retrouve partout en ceviche ou en poisson grillé. 

On se laisse tenter par un petit dessert. Des cacahuètes enrobées de caramel, ça ressemble à de la nougatine. Sympa, mais contrairement à Ju, je n’en mangerais pas trois tonnes. Le clou du spectacle arrive. À la fin du repas, le serveur nous demande si on veut tester le cocktail traditionnel d’Amazonie, côté péruvien. Bien sûr, on accepte… Je vous laisse admirer la bête (cette expression n’a jamais été aussi adéquate !)

À la vôtre !

Voila, voilà… Je vous explique pas notre tête quand il a amené ça sur la table. Heureusement nous avons eu la lucidité de dire un cocktail pour deux… Là on peut dire que la gastronomie est dépaysante. On empoigne nos pailles à deux mains, on prie tous les dieux et on sirote ce succulent cocktail à base de jus de fourmis (oui oui), pisco et café. Ça n’est vraiment pas bon… On essaie d’en boire autant qu’on peut pour ne pas vexer le serveur mais le goût n’est pas fameux. Au goût s’ajoute le visuel des fourmis mortes s’accrochant sur le bord du verre comme si elles luttaient encore pour leurs vies. Non vraiment, c’est affreux. Mais bon, c’est une expérience insolite à cocher !

Ju se fait pourchasser

Le lendemain, nous nous rendons à Tingo Viejo. Adieu Chachapoyas. Tes jolies façades et ton marché incroyable nous manquent déjà. D’ailleurs on s’offre un super petit déjeuner à base de sandwich œuf et fromage. Bon, faut se l’avouer, quand on est français, on devient difficile en terme de fromage. Celui là n’avait pas énormément de goût mais ça change des cheddars qu’on a pu goûter jusqu’à présent ! Et surtout, on s’est empiffré de petites bananes rondelettes (délicieusement sucrées), de pitaya jaune (jamais vu auparavant mais le goût est le même que le rose) et de Tamarillo (aussi connu sous le nom de « tomate de arbol »). Mais kézako ? Une sorte de tomate allongée dont on coupe l’extrémité pour aspirer la pulpe. Le fruit en lui même ne se mange pas. Pour ceux qui connaissent, le goût ressemble aux physalis mais en plus fade. Pas ouf donc. On a déjà hâte de goûter les autres fruits inconnus au bataillon car croyez moi sur les étales, on en a vu plein ! 

Le tamarillo

Puis nous mettons le cap sur Tingo Viejo car c’est la ville départ d’une jolie balade. Inexistante sur Google maps, ce tout petit hameau, appelé en réalité Tingo, a été inondé lors d’une crue du fleuve qui le traverse. La construction de Nuevo Tingo, une petite ville, a débuté à seulement quelques km plus en hauteur, laissant Tingo Viejo à une poignée de gérants d’auberge, commerçants et restaurateurs qui accueillent les quelques randonneurs comme nous. 

Après une heure dans une navette qui ressemblait plus à une boîte de sardines, nous arrivons à destination. Première mission, trouver un endroit pour dormir ce soir. Nous toquons à la porte de la première auberge que nous voyons et une dame adorable nous ouvre les portes de son chaleureux gîte. Chambre trouvée et réservée pour ce soir et pour notre retour. Elle nous donne des conseils sur la balade qu’on s’apprête à faire et nous propose même café et jus de fruits frais et maison pour demain matin alors qu’on se lève aux aurores. Vraiment les péruviens sont incroyablement accueillants.

On s’élance à la découverte brève du hameau, on fait le plein de provisions pour le trek et on se remplie la panse dans un petit restaurant très bucolique avec terrasse surplombant le fleuve. On goûte à la fameuse boisson Péruvienne qui accompagne tous les déjeuners, la Chicha Morada. En plus Juju commande un pichet par inadvertance alors ça a intérêt à être bon. La boisson est faite à base de jus de maïs violet sucré dans lequel on fait infuser de la cannelle et de la peau d’ananas. Ça se boit autant chaud que froid. Nous l’avons goûté froid et bien… c’est SUPER BON! Ça nous fait un peu penser au vin chaud. Nous n’avons eu aucun mal à finir le pichet. Après l’expérience des fourmis, on est soulagé!

Petite anecdote tout de même. On voit une perruche se balader tranquillement dans l’enceinte donc forcément, ça nous attire. Julien s’approche pour lui tirer le portrait et après avoir tapé la pause, elle fait son caprice de star et s’en va. Sauf que madame n’en n’avait pas fini avec Ju. Visiblement pas contente des photos prises, elle le suivra un bon moment allant même jusqu’à attaquer ses lacets ! Ne jamais se fier aux têtes d’anges !

Mode rando activé !

Le réveil sonne à 5h du matin, nous sommes prêts pour 9km de marche jusqu’à la forteresse de Kuélap dès 6h. Mais qui sommes nous ? Qu’avez vous fait de Léna et Juju ? Ah je vous le dit, le voyage ça change un homme (et une femme !). On part à la fraîche car on a vite chaud. Le 1er km est tranquillou bilou, le 2e km commence à piquer, le 3e km me titille un peu. Au 4e km, je suis contente car on est à la moitié, donc c’est pause goûter 😁. Tous les kilomètres qui suivirent jusqu’à l’arrivée m’ont servi de prétexte pour lâcher toutes les insultes de mon répertoire et Dieu sait que j’en connais! Moi ? J’adore la rando ! Blague à part, la vue en vaut la peine. Lorsqu’on aperçoit la forteresse de Kuélap, on est rempli de joie et de fierté.

La forteresse est là !

Maintenant y’a plus qu’à trouver un endroit pour dormir. On ne cherche pas longtemps, l’hospitalité des habitants de Kuélap est impressionnante. La dame qui tient l’Hospedaje Imperio (malheureusement complet) se plie en 4 pour nous trouver une chambre chez quelqu’un de confiance. On dormira chez Samuel et sa maman Lido, deux habitants de Kuélap. Samuel est guide et nous explique déjà plein de choses sur le site que nous allons voir demain. Car oui, si nous avons randonné jusqu’à Kuélap, c’est pour visiter son incroyable forteresse, surnommée le Machu Picchu du nord ! Mais ça, ce sera demain. En attendant, on fait un petit tour pour essayer de trouver le téléphérique que nous prendrons après la visite. Juju craque pour un pull en alpaga dans la seule boutique du village ! Celui là, il est collector ! 

Puis on retourne chez Lido qui nous accueille avec un bon repas. Elle mange avec nous et on entame une discussion super intéressante. On parle de tout, la place des femmes, l’importance de l’éducation, la perte de son mari à cause du covid… Bref, c’est très touchant et on ne voit pas le temps passé. Un petit thé préparé par ses soins et on file sous la triple couette de notre nouveau lit pour la nuit !

Et la douce Lido 🌻

Vous … ne passerez … pas !

Levés à 6h pour apprécier le lever de soleil… Manque de pot, c’est la pluie qui nous accueille ce matin. Mais notre hôte Lido nous réconforte avec ses tortillas toutes chaudes à la farine complète et aux pommes de terre accompagnées de fromage frais. J’en salive encore rien qu’en l’écrivant ! Bon, elle a aussi voulu nous faire goûter ses petits poissons frits à manger entier. Juju a été courageux, pas moi. Apparemment c’est pas si terrible!

Repus, nous nous dirigeons donc vers la forteresse. Kuélap, c’est le plus grand site regroupant les vestiges d’une cité Chachapoyas, un des grands peuples qui ont tenu tête aux Incas. Malheureusement, les incas étaient plus forts et plus nombreux et ont soumis une première fois les Chachapoyos. Ces derniers ont cru en une alliance possible avec les espagnols. Mais les conquistadors ont décimé le peuple Chachapoyas en apportant des maladies européennes et en détruisant la cité pour imposer leur pouvoir. Nous sommes donc face à des ruines mais qui montrent la grandeur du peuple indigène qui jadis arrivait même à tenir tête aux incas. 

Mais avant de pénétrer sur le site encore en restauration, il faut se protéger. Alors mâtez moi cette dégaine !

Schtroumph bricoleur

On traverse la porte principale à travers une muraille de 20 mètres de haut qui encadre le site. Cela ressemble plus à une faille au milieu de la roche. On peut encore y voir des gravures datant de l’époque des Chachapoyos. 

En haut de l’escalier, les restes de la cité s’ouvrent devant nous. Des centaines de fondations de maisons rondes sont éparpillées de parts et d’autres. Une autre muraille nous laisse deviner le deuxième palier de cette forteresse, réservé aux personnes de plus haut rang. Une dame vient nous voir en nous disant que nous avons 45 minutes top chrono pour visiter le site. On trouve ça un peu étrange mais bon, on joue le jeu et on continue le chemin.

Une des maisons a encore sa « cuisine » intacte. On y trouve le mortier qui servait à faire de la farine et le petit tunnel de pierre où les Chachapoyos gardaient les cochons d’Inde vivants pour les manger. Miam !

Autre tradition, le rituel mortuaire de momification. Les Chachapoyos croyaient à la vie après la mort alors tout comme les égyptiens, ils vidaient les corps et les mettaient dans un sac, pourvus d’un masque. On enterrait les morts dans la maison, dans un petit trou creusé au milieu. C’est sympa si tu veux parler à grand-papi, pas besoin de se déplacer bien loin ! Chanceux que nous sommes, les ouvriers venaient de trouver une tombe quelques jours auparavant. Alors on a « zieuté » même si c’était interdit.

Le lieu est très beau, situé à 3000 mètres d’altitude, il surplombe les montagnes. On arrive à imaginer la grandeur de la cité à sa belle époque.

Mais après avoir fait 500 mètres, on nous dit brutalement que la suite du site est fermée. On savait que le site était en rénovation due à l’effondrement d’une partie de la muraille principale. D’ailleurs, on a eu la possibilité de visiter ce lieu gratuitement car il n’est pas complètement ouvert. Mais on s’attendait tout de même à pouvoir en visiter un peu plus. En 10 minutes, c’était plié ! Pas d’inquiétude madame, on sera sorti avant 45 minutes… Nous n’avons donc pas accès au Templo Mayor, ni aux différentes gravures sur les maisons, la tour de guet « El Torreon » est interdite aussi car la visite du deuxième palier est impossible. Bref, je vous avoue qu’on est un peu frustré car rien de tout cela n’était dit sur le site officiel.

Stoppés net, nous n’irons pas plus loin qu’ici…

Heureusement pour nous, nous avions choisi de le faire en visite libre, c’était donc gratuit. La majorité des gens avec nous sur le site était en visite guidée avec AR en téléphérique. Une bonne petite somme d’argent pour beaucoup de blabla et peu de vue! Tant pis, retour à la porte d’entrée de la forteresse.

Et direction le téléphérique pour le retour. Même si le site est une grosse déception, nous sommes tout de même ravis d’avoir randonné un petit peu et surtout d’avoir pû rencontrer et échanger avec des gens adorables comme Samuel et sa maman Lido. Verdict: venez quand le site sera véritablement ouvert au public. Nous pensons qu’il vaut le coup, juste pas maintenant. Ouverture totale à guetter donc!

Le téléphérique nous pose à Nuevo Tingo qui est en pleine effervescence. La énième fête d’un saint est célébrée et les enfants du village s’activent pour nettoyer la ville. On les voit tous avec des balais. On imagine la même situation en France… impossible! Mention spéciale pour les arbustes de la place principale taillés en animaux géants, on adore ! 🤣

Après maintes recherches pour trouver un bus qui nous conduira à notre prochaine destination, on trouve auprès des commerçants du coin des informations approximatives alors on se dit qu’on va chercher nos affaires et qu’on verra bien. Pour rejoindre Tingo Viejo, rien de plus simple. Un immense escalier relie les deux villes, bien plus facile à descendre qu’à monter.

Et comme on a vraiment le « c… bordé de nouille », on tombe sur le fils du restaurateur chez qui nous avons mangé il y a deux jours. Souvenez vous le petit restau pittoresque en bord de fleuve. Nous ne l’avions pas remarqué mais lui, si. Il nous demande ce qu’on fait et nous propose de nous emmener à notre prochaine destination car c’est là qu’il va ! Non mais décidément, les péruviens sont trop gentils. Ni une ni deux, on chope nos sacs et c’est parti pour les prochaines aventures…

Si vous voulez nous suivre à la trace, clique sur l’image. Tu verras tout notre parcours !

Cet article a 4 commentaires

  1. Kevin

    Magnifique cette petite (grande) aventure.
    Vous me manquez fort fort et j’espère que tout va bien pour en pour vous. Il me tarde d’avoir toutes ces aventures de visu.
    Coeurcoeurlovelove

    1. Awayweget
      Awayweget

      Oooh ça nous fait trop chaud au coeur ce petit commentaire !
      Toi aussi tu nous manques fort ! Hâte de te retrouver !!
      Love love love !!!

  2. Sabine

    Encore un beau récit que tu nous livres là…❤️

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