You are currently viewing Episode 12 : Entre monts et marées

Episode 12 : Entre monts et marées

Cajamarca – Trujillo – Huanchanco

Cajamarca : la ville de la rencontre entre deux mondes

On a quitté notre petit village pommé pour retrouver un peu de civilisation mais toujours en pleine nature. Direction la fameuse Plaza de Armas, place centrale de la ville pour découvrir Cajamarca. Et on voit déjà le potentiel de cette petite ville perdue au milieu des montagnes. Les églises qui bordent la place sont magnifiques et changent de tout ce qu’on a vu jusqu’à présent. Mais la vraie visite, ce sera demain. 

Aujourd’hui on la joue cool et on découvre seulement le marché couvert de la ville. Des dizaines d’étales au milieu desquels se perdent quelques petits troquets dans lesquels on peut manger un bout ou siroter un jus de fruits frais. Vous devinez donc notre programme. On lézarde à travers le marché à la recherche de nouveaux fruits à déguster (et on en trouve 😜). Puis on mange une « Humita » avec sauce au poulet et sauce au piment vert. C’est une sorte de pâte de maïs dans laquelle on a mis de la viande et une olive pour parfumer, le tout cuit dans une feuille de maïs. La texture est super ! On goûte aussi aux « Papas Rellanas« , des pommes de terres reconstituées fourrées de purée à la viande. Un délice ! Le tout accompagné d’un jus de fraises frais, incroyable et d’un café con leche pour Juju, hors du commun ! Ici le café au lait se fait avec du lait frais dans lequel le client verse sa dose de liqueur de café. On avait jamais bu le café comme ça auparavant et bien c’est validé par Julien !

Puis on rentre, l’accumulation de visites et de transports et le passage du chaud au froid ( de 40 degrés à Iquitos à 20 degrés à Chachapoyas et ici 15 degrés) ont eu raison de nous. Nous sommes « claqués » ! Le lit nous tend ses bras et on ne refuse pas cette fois.

On se réveille en pleine forme, impatient de goûter notre petit déjeuner à base de Tuna (ce qu’on pensait être des figues de barbaries) et de Chirimoya, un fruit étrange qui ressemble à un oeuf de dragon.

Verdict : Le tuna ressemble au fruit du dragon mais avec un texture plus dure. Le goût indescriptible est subtile mais agréable. Et le Chirimoya est un nouveau goût en terme de fruit. Il a un aspect assez laiteux. Rien dans la texture, ni dans le goût ne me permet de vous le décrire… Riche en fer, calcium et vitamines, c’est un des fruits préférés des péruviens. On comprend, c’est assez bon même si ça peut être un peu écœurant si on en mange trop.

On décide de visiter Cajamarca, ville chargée d’histoire. En effet, c’est ici que le conquistador Pizarro a emprisonné puis tué Atahualpa, chef Inca, marquant le début de la fin de l’Empire Inca en Amérique Latine. Les espagnols réduisirent à néant toutes traces de civilisation Inca, utilisant même certaines pierres des temples incas pour bâtir leurs églises et monuments. Seul un monument inca perdure, el Cuarto del Rescate, pièce dans laquelle Atahualpa supplia son assaillant de le laisser vivre en lui promettant de remplir d’or la pièce dans laquelle il se trouvait prisonnier. Pizarro accepta l’offre. L’Inca tenu promesse mais pas l’Espagnol… Atahualpa fut assassiné quelques temps après.

 

On ne se rend pas compte, mais le mur fait tout de même 3 mètres de haut !

Avec le même billet, nous pouvions visiter le Conjunto Monumental de Belén avec son église à la façade superbement sculptée, ainsi que le Musée Archéologique et Ethnographique de la ville où l’on apprend que ce sont des Japonais qui ont entrepris de grands travaux d’excavation pour mettre à jour le passé de cette ville ! 

Regardez moi le détail ce cette porte en bois sculptée

Puis on flâne beaucoup dans ces petites rues qui montent et qui descendent. Cajamarca invite à la détente. Il y a beaucoup de petits cafés et de boutiques artisanales (ou non) qui longent les rues. Les fromageries autour du marché nous vendent du rêve… Enfin du fromage ! On ne craque pas… tout de suite 😜. On reste admiratif de cette architecture très particulière et on passe notre temps à étudier les détails des façades des églises qui bordent la place centrale. 

On voit beaucoup de femmes, dans les rues, en habits traditionnels avec le chapeau typique du coin. Malheureusement ce sont aussi ces dames âgées qui souffrent le plus de la pauvreté. Cajamarca tire sa richesse de l’exploitation des mines d’or. Le revers de la médaille, c’est que cette industrie impacte énormément les petits paysans et leurs ressources en eau. Ils sont donc obligés de se rendre en ville pour vendre des breloques ou vivre de mendicité…

Cajamarca est vraiment une ville accueillante alors on ose se perdre dans ses petites rues pentues. Au détour d’un escalier, on tombe sur une petite famille de retour de l’école. On prend le temps d’observer la ribambelle de tuk-tuks qui passe devant nous; c’est le moyen de locomotion n°1 ici. Ils sont tous plus colorés les uns que les autres. À certains endroits, cette ville aux murs de briques brutes ne semble même pas finie. Pourtant la joie de vivre émane de Cajamarca et on tombe sous sans charme sans trop de mal.

À la tombée de la nuit, on monte la magnifique rue 2 de Mayo jusqu’au sommet de la coline Santa Apolonia pour observer le coucher de soleil sur la ville. Un peu de monde mais l’ambiance est calme. On observe les cerf-volants qui s’envolent dans le ciel qui s’embrase. Il ne manque plus qu’une bière ou notre nouvelle addiction, un inka cola, pour rendre le moment parfait ! On n’est quand même pas mal ici et on contemple la ville qui s’illumine à mesure que la nuit tombe. Un inca cola (oui, on a succombé) et un ceviche dans le ventre, c’est heureux et repus que, de retour chez nous, nous nous endormons.

Des prêtres corrompus pétrifiés

Aujourd’hui nous partons visiter la formation rocheuse de Combe Mayo. On a un peu peur car pour visiter ce lieu magnifique, nous sommes obligés de passer par un tour opérateur… Le lieu est loin et aucun bus ne s’y rend. Il faut payer un taxi cher, très cher, si on veut y aller en autonomie. Mais si vous avez loué une voiture nous vous le recommandons à 100%.

À peine arrivé, on aperçoit déjà ses grandes aiguilles de pierres volcaniques qui se dressent au milieu de nulle part. Le paysage est bluffant et nous rappelle étrangement les films Westerns. C’est sûrement le côté aride de cette herbe sèche qui entoure ces montagnes perdues. On est déjà amoureux du lieu. Mais Manuel rend l’expérience encore plus magique en nous parlant à la fois de l’histoire du lieu, de sa formation géologique mais aussi des légendes qui entourent ces montagnes sacrées pour les Incas des Andes. 

Pour la partie géologique, c’est la fonte des glaces qui a créé la formation de ses roches verticales. L’eau ruisselant de haut en bas, on devine les canaux qu’elle a créés. 

Mais les incas ont une légende que je trouve très chouette. Ici vivaient des peuples Andins riches car les montagnes regorgeaient d’or, d’argent et de cuivre. Certains prêtres corrompus descendaient du sommet de la montagne en demandant des dons aux gens du village. Mais Huiracocha, le dieu Andin, décida de les punir en leur envoyant la foudre. Cette dernière les pétrifia, transformant ces prêtres corrompus en pierre. On devine encore les visages de certains d’entre eux dans la roche. 

Un peu plus loin, on s’enfonce à travers la roche (littéralement, on passe dans la montagne à travers une fissure). On découvre alors, le canal que les incas ont créé avec les outils en pierre de l’époque. C’est impressionnant de précision. Ce canal déverse l’eau équitablement sur chaque versant de la montagne, abreuvant ainsi l’océan Pacifique et Atlantique. 

On s’arrête devant ce passage en forme d’escalier qui dévie légèrement le canal. Le guide nous explique que, contrairement à la pensée populaire, ce passage n’est pas là pour ralentir le débit de l’eau. Il est en fait symbolique car l’escalier à 3 étages represente le monde dans son ensemble pour la culture des Incas des Andes :

  • Le premier niveau, Uku Pacha, incarné par le serpent, représente le monde d’en bas ou des morts.
  • Le second niveau, Kay Pacha, incarné par le jaguar, représente le monde terrestre ou des vivants.
  • Le troisième niveau, Hanan Pacha, incarné par le condor, représente le monde céleste ou des dieux. 

On a plus qu’adorer ce lieu atypique et notre seul regret est de n’avoir pas pu passer plus de temps libre là bas. C’est malheureusement souvent le revers de la médaille des tours organisés. Mais nous sommes tout de même ravis de l’avoir fait. 

Et une bénédiction..!

On retourne au marché de Cajamarca pour goûter au fameux fromage Mantecoso (fromage à pâte molle très goûtu) accompagné de ces énormes olives violettes que les péruviens ont l’habitude de manger avec le fromage. On tombe même sur une boulangerie où l’on achète des petits pains (à défaut d’une baguette). En ce moment, c’est la saison des figues et des myrtilles au Pérou alors on ne s’en prive pas. Et nous voilà avec un déjeuner de rois. Vraiment le fromage Mantecoso nous fait revivre des sensations perdues. Ça se voit qu’on est en manque ? 

Le soir, on part profiter de l’ambiance de la ville qui s’anime tout autour de la place principale. Surtout ce soir, c’est le téléthon alors une petite scène a été installée. On y voit des groupes de musique locale et des danses traditionnelles très chouettes. On observe le spectacle depuis un petit bar à l’ambiance Tim Burton, le Fri.To dont les petits balcons à l’étage donnent sur la Plaza de Armas. Un peu cher pour le Pérou mais la vue est assez cool et les Pisco sour y sont très bons ! 

On jette aussi un œil à l’église San Francisco, la plus imposante de la place, enfin ouverte ! L’intérieur est très sombre et austère. Assez surprenant quand on voit la façade superbement détaillée. Interdit de prendre des photos à l’intérieur. Mais rien que pour le plaisir des yeux, je vous remets quelques photos de sa belle façade.

À l’opposé, la Cathédrale de Cajamarca, beaucoup plus petite que l’église, étrangement. Elle n’a jamais été finie pour ne pas payer de taxes dessus 🙃. Il manque toujours le clocher. Mais alors qu’elle ne payait pas de mine, elle nous a beaucoup plu. Son intérieur tout en bois est beaucoup plus chaleureux. Elle vaut le coût d’œil. Et, cerise sur le gâteau, un groupe de musique traditionnelle jouait à l’intérieur.

Mais la surprise insolite de la soirée, c’est nos retrouvailles avec Milisilva. C’est une gentille dame qui, voyant qu’on était un peu perdu, nous avait renseignés sur la ville quelques jours plus tôt. On en avait profité pour discuter 5 min. Et nos chemins se sont croisés à nouveau ce soir sur la place. Petite mise à jour sur ce qu’on a fait et on se dit au-revoir sur ses gentilles bénédictions pour la suite de notre voyage. On prend tout car demain, nous sommes de retour sur la route pour la suite de nos aventures péruviennes. Et les routes en Amérique Latine, c’est quelque chose !

Ah oui d’accord…

Trujillo est la 3e plus grande ville du Pérou. Elle est recommandée par le routard pour son centre colonial avec ses balcons en bois et ses grilles de fer forgé. Hum… On reste perplexe. Effectivement, il y a l’éternelle Plaza de Armas, immense ici avec ses maisons colorées et sa cathédrale jaune démesurée. Puis un rue piétonne qui mène à une autre place, beaucoup plus petite, abritant l’ancienne fontaine de la grande place.

Plaza de Armas
L’ancienne fontaine de la plaza de armas

Et voilà. En voyant les photos, on s’attendait à une ville utlra colorée avec une atmosphère bien à elle. Ce n’est pas vraiment ce qu’on a trouvé. En fait, dès qu’on s’écarte de cette fameuse artère piétonne, il n’y a plus rien. Des bâtiments délabrés s’alignent, très peu de commerces se présentent. Bref, on en a vite fait le tour. 

La photo d’accroche du Routard, ça donnait envie hein?

On va voir les moches qui chient mou

Heureusement, nous ne sommes pas venus ici pour rien car les alentours sont bluffants. Nous sommes dans l’ancienne région du peuple Moche (à prononcer « moché »). Ils étaient présents de 100 à 800 après JC. Ensuite ce fut le règne des Chimú ( à prononcer « chie mou ») de 800 à 1400 après JC. Et c’est seulement après 1400 que les célèbres Incas sont arrivés. Certains sites ont conservé leur empreinte Moche et Chimú et ce sont eux qu’on s’apprête à visiter. 

Le site de Las Huacas Del Sol y De La Luna (« Monuments sacrés du soleil et de la lune » dans le texte) est tout simplement bluffant. Pas hyper connu, il vaut à lui seul le déplacement à Trujillo. À seulement 8km de la ville, on découvre les ruines d’une ancienne cité Moche entourée de deux pyramides rappelant sans nulle doute celle de Teotihuacan. Seule la pyramide de la lune se visite car la cité est actuellement en cours de fouille. Mais WAOUH !!! On ne s’attendait pas à trouver ça ici. Et surtout, personne n’en parle !!!

Les fouilles laissent entrevoir la cité environnante et au fond, la pyramide du soleil toujours engloutie sous le sable

La première chose à savoir, c’est que le prix du billet comprend l’accès au musée et le guide (obligatoire pour la visite). Le musée est super bien pensé. On plonge dans l’univers Moche tête la première en voyageant à travers les rites pratiqués, en admirant les tenues traditionnelles portées et les objets de la vie quotidienne, avec à chaque fois, un petit peu d’explication en anglais ! Une belle mise en bouche avant la visite du lieu. On retient surtout que dans la culture Moche, il y avait un Dieu principal et des divinités que le Grand Prêtre incarnait lors des cérémonies. Une de ces cérémonies consistait à faire combattre deux hommes, le perdant était sacrifié pour contenter les Dieux. Le Grand Prêtre buvait alors son sang car il servait de liaison entre le monde des dieux et le monde humain. À la vôtre hein ! 

Puis place au site. On a eu la chance de tomber sur un guide génial qui parlait doucement en espagnol, reformulait et utilisait plein de synonymes pour nous. Bref, un ange qui nous a fait découvrir la culture Moche. En avant pour la Huaca de la Luna !

Le guide commence la visite en nous expliquant l’importance des serpents dans la culture Moche. Ici, représentés sur tout un muret, ils symbolisent l’eau, la fertilité et ils sont aussi le symbole de l’inframonde (le monde des esprits et des défunts, le monde du dessous). Ça ne vous rappelle pas un peu le Uku Pacha des Incas …?

On apprend que les Moche seraient peut être les ancêtres des Chimú. Les scientifiques sont sûrs que ces derniers ont habité ici car ils ont trouvé des traces de rituels Chimús à travers la manière dont les morts étaient traités. Les défunts étaient déterrés chaque année pour la célébration des morts puis re-enterrés. La question reste : pourquoi être venus ici précisément ? Quel est le lien qui unit Moche et Chimú ?

Ensuite on tombe sur le plus impressionnant, d’après nous, un immense mur entièrement sculpté et coloré à l’entrée de la pyramide. Il y a 6 niveaux encore présents, ayant chacun une signification cachée.

Au 1er niveau, on voit les vaincus des combats rituels. Vous savez, ceux dont le sang sert d’apéro pour les prêtres ?

Au 2e niveau, on y voit les fameux prêtres avec des instruments de musique. Tu m’étonnes, c’est la fête pour eux !

Au 3e niveau, on y trouve des araignées. Très importantes pour les Moche, elles préviennent de la pluie. Lorsqu’elles remontaient la rampe principale pour se réfugier dans le temple, ça signifiait qu’il allait pleuvoir. Imaginez des centaines d’araignées courant sur cette rampe, moi perso, je choisis la pluie.

Au 4e niveau, ce sont des offrandes de poisson destinées aux dieux pour calmer la pluie. Parce que les araignées, c’est bien gentil mais c’est quand même mieux dehors!

Au 5e niveau, on y dépeint les sacrifices humains qui servent d’offrandes pour calmer les dieux. Ils ne connaissaient pas les cookies à l’époque…

Au 6e niveau, on retrouve notre copain le serpent symbole d’eau et d’éternité, plus précisément de la vie après la mort.

La Huaca de la Luna avait donc une fonction religieuse comme celle d’un temple, contrairement à la Huaca del Sol qui supposément avait une fonction administrative. Il y a d’ailleurs plusieurs endroits qui semblent être des chambres cérémonielles où les prêtres exerçaient leurs fonctions.

En s’enfonçant un peu plus dans le site, on voit des représentations du Dieu créateur dans la culture Moche, Ayapayec. Il est reconnaissable par ses cheveux en forme de tentacules de poulpe représentant la mer, ses yeux de hibou représentant le ciel et ses dents de jaguar réprésentant la terre car il est le Dieu de la Nature. C’est incroyable de voir que la peinture de l’époque est encore là, quasi intacte par endroits.

D’ailleurs comment cela a-t-il pu résister toutes ces années ? Notre guide nous explique qu’ils ont eu l’intelligence de faire des sections de mur à superposition pour résister au séisme. Résultat : quand il y a eu un grand tremblement de terre, les constructions espagnols se sont effondrées mais rien n’a bougé ici.

Voilà un « petit » résumé de la visite. Notre guide, hyper intéressant, a su nous immerger complètement dans la culture Moche dont les Incas se sont considérablement inspirés. On vous encourage à découvrir ce lieu unique si vous passez dans le coin. Nous, on a adoré !

À la sortie du site, on tombe sur deux Péruviens, deux amis qui voyageaient dans le nord. Ils nous proposent un co-voiturage car ils se rendent à la zone archéologique de Chan Chan. On saute sur l’occasion et donc dans leur voiture pour visiter le deuxième site de la région, ancienne capitale du peuple Chimú. Sur la route, on papote de nos vies respectives. On apprend qu’ils sont évangélistes et ils apprennent que nous ne sommes pas mariés après 6 ans de vie commune : choc des cultures ! Mais fort heureusement, ils sont quand même sympas et ne nous laissent pas au bord de la route. 

On entre dans le site par un chemin en terre battue et on se rend compte de la grandeur du lieu. Les ruines s’étendent sur des kilomètres et des kilomètres de chaque côté. On ne visite qu’une infime partie de l’endroit, en fait. Mais c’est déjà très impressionnant de rentrer dans ces ruines de sables et de voir la hauteur de ces murs érodés par le temps et la pluie. 

La mauvaise surprise à l’arrivée, c’est de voir qu’il n’y a pas de guide ici et aucune explication. Le guide se prend en extra (60 soles!!). On s’en passera et on fera avec les explications du guide du routard. 

On visite donc la citadelle Nik-An, une des nombreuses de la cité. La visite commence par la place des cérémonies et des sacrifices. Elle est ornée d’une frise en bas relief de loutres de mer et de vagues. Importantes dans la culture Moche, les loutres annonçaient la période de la pêche. 

Puis, on accède au passage des Oiseaux et des Poissons. Les pélicans s’alignent en file indienne tandis que les poissons semblent sauter en dehors du mur dans des lignes en forme de vagues représentant les marées. 

Plus loin se trouve la salle des audiences où se décidait la répartition des richesses. Ce qui nous frappe ce sont ces pélicans stylisés avec une croix en guise d’oeil. C’est la Croix du Sud qui, à l’instar de notre étoile Polaire dans l’hémisphère nord, servait de repère aux pêcheurs dans l’hémisphère sud. On trouve aussi des vagues ressemblant comme deux gouttes d’eau à la vague « grecque ».

Puis la visite se termine par un dédale de petits chemins passant entre ces murs stylisés. Le lieu est immense, on ne peut d’ailleurs pas tout visiter. C’est surprenant, ça ne ressemble à aucun autre site qu’on est pu voir auparavant. Dommage que les Incas aient assiégé la capitale et effacé (presque) toute trace de cette civilisation. Les Chimús ne connaissaient pas l’écriture donc tout ce qui nous reste d’eux, c’est ce site immense.

C’est ainsi que s’achève notre séjour autour de Trujillo. Maintenant, direction l’océan qui commence fort à nous manquer !

Brice de Nice n’a qu’à bien se tenir !

C’est avec un magnifique début de coucher de soleil, quand le ciel revêt ses couleurs pastels, que Huanchanco nous accueille. On retrouve enfin l’océan. Et pour la première fois, pour nous deux, l’océan pacifique ! Ça fait du bien de retrouver l’eau (bon j’avoue, surtout pour ma part). La montagne c’est chouette mais pour moi il n’y a rien de mieux que les sensations ressenties dans l’eau. Et j’avais déjà hâte de faire un plongeon. 

Arrivée à notre auberge à deux pas de la plage, c’est Dario qui nous ouvre la porte. Il tient le lieux avec sa femme Gigi. Les deux sont extrêmement gentils et accueillants. Dario nous donne plein de conseils sur les alentours et aussi où manger en fonction de nos envies. Il parle un super anglais alors on peut communiquer facilement. On s’évade sur des sujets politiques, culturels. C’est trop chouette. Mais le grand, grand plus de cette auberge, c’est qu’elle héberge également 6 chats 😁 ! On était comme deux gagas devant toutes ces boules de poil car ce ne sont pas des féroces et ils adorent les câlins… Huanchaco, tu nous plais déjà ! Si vous cherchez une auberge chouette, on vous conseille vraiment Punta Huanchaco.

Le lendemain, nous partons à la découverte de cette petite ville balnéaire, mi refuge pour surfeurs, mi village de pêcheurs traditionnels. Ici, quelques touristes mais pas beaucoup car nous sommes encore en hiver, même si c’est bientôt la fin. Pour vous donner une idée, les températures oscillent entre 20 et 24 degrés. Donc on dit adieu à notre polaire et on retrouve de bon cœur nos T-shirts ! 

L’ambiance est très tranquille, la ville s’anime plutôt en été. Mais, la hors-saison nous plaît bien car on rencontre beaucoup de locaux, toujours hyper sympas et accueillants. C’est vrai qu’en terme d’architecture, il n’y a rien d’extraordinaire à Huanchaco. Cependant, on ne peut pas lui enlever cette atmosphère relax qui lui procure un charme et nous envoûte même avec ses petites maisons en briques pas terminées. En hiver, la ville se pare d’un joli voile brumeux qui laisse deviner les montagnes alentours. Cela rajoute un côté mystique à cette ville singulière du Pérou. 

On remarque d’étranges bateaux en roseaux qui s’allignent les uns à la suite des autres le long du front de mer. On apprend que ce sont des « caballitos de totora« , totora étant le nom de la plante utilisée pour les construire. Typiques du coin, les indigènes les utilisaient déjà en tant que bateaux de pêche avant l’arrivée des espagnols. Heureusement, la tradition a perduré et les pêcheurs du coin construisent et utilisent toujours ces embarcations. On a vu un pêcheur, pagaie à la main, affronter l’océan à bord d’un caballito. Ça ne rigole pas, il faut un sacré physique pour manœuvrer ces choses-là. Il existe aussi la version planche de surf, qui à l’inverse du caballito, n’est pas creusée. On n’a pas eu droit à une démo, ici on préfère quand même les planches modernes. 

D’ailleurs en parlant de surf, Huanchaco fait parties des 12 villes au mondes classées WSR (World Surfing Reserve). C’est un statut mis en place par l’ONG Save The Waves Coalition pour protéger les zones de surf et leur alentours de tout développement néfaste. Par exemple, ce classement protège les champs de Totora qui servent à la construction des planches de surf locales. En toute logique, la plage est censée être préservée mais dans les faits, le plastique étant roi en Amérique Latine… On l’a trouvé bien polluée. J’imagine que ça pourrait être pire sans ce classement. Au moins ici, il y a des poubelles de tri, les premières que nous voyons en 3 mois de voyage ! 

Bon puisque c’est la ville du surf, difficile de ne pas se laisser tenter par un petit cours. Alors, sur les conseils de Dario, nous nous rendons à Muchik Surf School où Chicho nous accueille avec un grand sourire et une réduction pour les invités de Dario. Qui dit mieux ? Leur slogan : « If you don’t stand up, you don’t pay » (si vous ne vous levez pas, vous ne payez pas). Prometteur mais on n’y croit pas trop. Une heure plus tard, on était au top de la « sexitude » dans nos combis moulantes, prêts à affronter les vagues péruviennes. Bon, un poquito de théorie avant, tout de même. C’était la première fois pour nous deux alors y’avait quand même deux trois trucs à apprendre comme par exemple notre pied de prédilection pour monter sur la planche. Juju est donc « regular » (pied gauche à l’avant) et je suis « goofy » (pied droit du coup mais vous l’aviez deviné). C’est parti, on attrape les planches gigantesques et on s’y jette. Pas le temps de réfléchir, on essaie de mettre en place ce qu’on nous a dit en théorie et dès la première vague Juju réussit à se lever ! Un futur champion, moi je vous le dit. Il m’en faudra 3 de plus pour réaliser l’exploit. Et après on oscille entre « youpiiiiiii j’ai réussiiiii » et « eh meeeerde… » toujours suivi d’un plouf ! On a de la chance d’avoir chacun notre instructeur personnel car l’océan commence à être agité. Effectivement, plus la pratique avance, plus les vagues grossissent et nous recouvrent entièrement. Mais on gère et on réussit à les passer sans problème grâce aux explications de Chicho en amont. Honnêtement, ça a été un ÉNORME KIFF pour tous les deux. Je ne m’attendais pas à autant aimer, moi que le ski et le snowboard terrifient et qui ne suit pas particulièrement douée en skate. Mais je ne sais pas, le fait que ce soit un sport aquatique enlève chez moi toute peur de se blesser. Si tu tombes, tu tombes dans l’eau. Et on s’est amusé comme deux enfants qui découvrent la mer pour la première fois. Mais punaise que c’est crevant ! À tous nos amis surfeurs, on comprend votre « chill » les gars. C’est le meilleur remède si t’as passé une sale journée, pas le temps de penser, juste de te dépenser. Guettez instagram si vous voulez voir des vidéos 😂.

Bref, on a adoré. Si vous souhaitez débuter, Huanchaco est un lieu parfait, la plage de sable est en pente douce alors on a toujours pieds quand on tombe de la planche et les vagues sont petites. On a aussi été super bien entouré par l’équipe de Chicho. Ils nous ont promis qu’on se lèverait et on l’a fait !!! Je vous mets l’adresse du lieu ici si ça vous intéresse. 

Heureux et rincés, on part s’engloutir un plat du coin et admirer le coucher du soleil depuis la terrasse de l’église qui surplombe la ville. Ah bah non, ce sera en bas finalement car on se fait chasser du parvis. Mais rien ne nous enlèvera notre sourire, nous sommes heureux comme des gosses, vraiment Huanchanco, tu resteras dans notre mémoire.

Le lendemain, on s’offre une grasse matinée, des câlins aux petits chats et un petit déjeuner démentiel au restaurant The Lighthouse. Incroyable, pour les gourmands comme nous, on vous recommande le jus de fruits frais du moment.

Bref, on lézarde en centre ville. On observe les surfeurs en herbe et les moins en herbe qui s’entraînent. Ça nous donne encore envie d’y retourner mais mon corps est en PLS totale ! J’ai découvert des muscles dans le dos, insoupçonnés… Puis direction le petit marché pour faire des provisions pour ce soir. On s’en va déjà par le bus de nuit. Huanchaco a été une belle découverte et une belle parenthèse reposante dans notre périple à mille à l’heure. On espère que ce n’est qu’un au-revoir ☺️. 

Si vous voulez nous suivre à la trace, clique sur l’image. Tu verras tout notre parcours !

Cet article a 2 commentaires

  1. Avatar
    Sabine

    Un récit de découvertes, de rencontres, de couleurs…et d’humour.
    Une petite pensée pour le photographe..

Laisser un commentaire