La Vallée Sacrée – Arequipa
Nous nous levons de bonne heure ce matin pour visiter la fameuse, l’unique, la mystérieuse… Vallée Sacrée! La région située au dessus de Cusco, s’étire de Olalantaytambo jusqu’à Písac. C’était le grenier des Incas et on comprend pourquoi ! Les plaines verdoyantes épousent le rio Urubamba autrement appelé en Quechua « Vilcanota » qui signifie « rivière sacrée » et qui donna son nom à la vallée. On y trouve d’anciennes exploitations et des temples qui valent le détour apparemment alors c’est parti pour 3 jours d’exploration. Oui, nous on le fait tranquilou bilou mais 2 jours peuvent être suffisants pour tout voir. Ci-dessous, une carte de la Vallée Sacrée pour vous faire une idée de notre parcours, trouvée sur ce blog.
Jour 1 : Les Alpagas nous regardent de travers dorénavant…
Le premier jour, nous prenons la direction de Chinchero où on découvre une coutume péruvienne, les taureaux protecteurs placés sur le toit des maisons. Toujours à deux, ils symbolisent l’union des énergies positives et négatives pour mener le foyer vers l’équilibre et ainsi amener prospérité et protection ! Après en avoir vu plusieurs, nous y avons prêté plus attention et il s’avère qu’on en trouve de partout même à Cuzco !
C’est à Chinchero que nous découvrons le Palace de Tupac Inca Yupanqui. Enfin, ce qu’il en reste. Comme d’habitude, les espagnols sont passés par là et ont bâti des édifices religieux sur l’ancien palace de l’empereur. Notamment, une très belle église du 17e siècle où on passe une tête discrète car il y avait une messe. On a été agréablement surpris par cette église perdue au milieu de nulle part. Son magnifique plafond en bois est entièrement peint. Sublime! Malheureusement pas le droit aux photos à l’intérieur, vous devez donc nous croire sur parole…
Mais il reste quand même pas mal de traces de l’ancien palais, notamment les terrassements qui servent encore à ce jour aux agriculteurs du coin car le système d’alimentation en eau des Incas fonctionne encore. Incroyable ! Le palais semblait être immense, à l’image de l’empereur Inca qui marqua son époque car c’est lui qui divisa l’empire Inca en 4 régions ou « suyus ». En plus de cette répartition territoriale, il mit en place un système d’administration et de recensement par région. C’est lui, aussi, qui est à l’origine du sanctuaire « tête de puma », Sacsayhuaman donnant sa forme animale à la ville sacrée de Cusco qui devint le centre administratif, politique, religieux, militaire et culturel de tout le monde Andin. Bref, un homme du coin bien important quoi !
On se met à vadrouiller entre les terrasses en s’écartant de la foule qui arrive par bus entier mais qui repart aussitôt. Depuis Cusco, il est possible de prendre un tour organisé qui t’emmène visiter la Vallée Sacrée à la journée mais pas le temps de traîner ! Et comme on aime bien être lent, on a opté pour l’option découverte en solitaire. Ça demande un peu plus d’organisation mais c’est faisable. Un peu plus bas, tu trouveras nos conseils pratiques pour visiter la Vallée Sacrée en autonomie.
En attendant, on dévale les terrasses sur le côté droit. On fait la rencontre d’une petite dame qui tisse sur le flanc d’un terrassement. Elle nous montre comment elle fait et Juju craque pour un bracelet. Faut dire que sa dextérité nous laisse sans voix… Elle tisse à une vitesse phénoménale.
Puis direction la Catarata Poc Poc de son petit nom Quechua, autrement dit la Cascade au son de l’eau qui coule, véridique ! On a rien inventé, même pas les onomatopées. Bon pour y aller, on vous prévient, il faut descendre, descendre, descendre… Ah, et encore descendre ! On passe par un petit morceau du chemin de l’Inca et ses fameux escaliers aux proportions très inégales. Ça nous donne un aperçu de la difficulté de ce trek car on sait qu’il n’y a pas de boucle… Donc tout ce qu’on a descendu, il faut le remonter. Heureusement, la cascade en valait la peine ! Comptez 30 minutes pour descendre et 1h pour monter.
Après le palace Inca, nous nous dirigeons vers les salines en terrasses de Maras. Plus de 3900 bassins apparaissent sous nos yeux au milieu de la Cordillere des Andes. Le spectacle est éblouissant de beauté. Au sens littéral aussi, lunettes de soleil obligatoire quand le soleil tape sur ces miroirs blancs!
On passe par une magnifique petite route qui surplombe les Salinas, à flanc de montagne rouge, jusqu’à Tarabamba.
De là, on rejoint notre village pour la nuit, Ollantaytambo. C’est le seul village du Pérou à avoir conserver son plan de construction Inca. Toutes les ruelles sont donc d’origine ! L’imposante forteresse Inca qui surplombe le lieu sera notre visite de demain. En attendant, on flâne dans Ollantaytambo et on profite de l’atmosphère détendue de cette bourgade.
C’est la première fois qu’on voit des terrasses de restaurants border la Plaza de Armas. C’est l’occasion qui fait le lardon, on s’installe à un restaurant qui cuisine de l’alpaga. On goûte donc au bestiau. Mon dieu, il est aussi bon que beau… Honnêtement, j’aurais du mal à les regarder dans les yeux dorénavant ces petites bêtes adorables. Mais j’en salive encore en écrivant ces lignes…
Jour 2 : Des pierres, des pierres et encore des pierres !
Ce matin, c’est découverte du site d’Ollantaytambo. D’abord résidence puis transformée en forteresse, le lieu est impressionnant avec ses dizaines de terrasses se dressant comme des remparts. D’en haut, nous profitons de la superbe vue sur la vallée et sur d’autres ruines incrustées dans la montagne d’en face.
On retrouve de nouveau un Temple du Soleil. Cette fois-ci un peu différent des autres : 6 grands blocs de pierres s’alignent sur lesquelles on voit graver des figures géométriques, peut être la Croix du Sud, on ne sait pas trop. On imagine aussi 3 pumas en haut relief. Les interstices entre les blocs symboliseraient des épis de maïs. Tout ça ne sont que des suppositions…
Au moment où nous faisons la balade, une partie du circuit est fermée. Nous ne verrons pas les entrepôts cachés à flanc de montagne. Mais on a toujours accès à la partie des bains cérémoniaux qui se trouve tout en bas de la forteresse. L’eau coule toujours et alimente ces fontaines sacrées et c’est pas pour déplaire à certains..!
Apres 2h de flânerie, nous prenons la route direction Písac. On en profite pour flâner dans la ville et faire un peu de shopping, je trouve enfin le poncho de mes rêves ! Malheureusement, on sent que nous sommes dans une ville à touristes. La ville se vide complètement après 16h. C’est un peu dommage car les ruelles sont mignonnes et il y a plein de cafés où se poser. L’ambiance est très zen, on parle yoga et énergie ici. On est loin du Pérou profond que nous connaissons ! C’est donc une après midi calme où nous en profitons pour nous relaxer nous aussi.
Jour 3 : Un site à faire pâlir le Machu Picchu
Après une nuit mouvementée pour ma part, mon corps n’a pas trop apprécié le repas de la veille, on se réveille péniblement pour prendre la direction du site de Písac, le plus impressionnant des trois de part sa grandeur et sa bonne conservation.
En effet, on commence la visite par le haut où l’on traverse le quartier de Kantus Rakay. Ce qui nous plaît, c’est qu’on peut visiter le site comme une petite ville, en se perdant à travers les ruines des maisons. La vue d’en haut depuis Kallaqasa sur les nombreuses terrasses et la Vallée Sacrée est incroyable. La faune est aussi au rendez-vous, admirez ce bel oiseau qui contemplait la vallée à nos côtés.
Nous sommes arrivés tôt mais pourtant quelques minutes plus tard nous voyons déjà le monde se presser à l’entrée. Nous prenons donc le chemin qui s’engouffre dans la montagne pour redescendre à pied jusqu’à Pisac. Il faut compter 2h de marche mais c’est indispensable ! Sinon vous passez à côté de la moitié du site. On passe à travers une fissure dans la roche et on débouche sur le Templo del Sol, un chef d’œuvre d’architecture Inca. On voit que la pierre est bien plus travaillée pour les lieux de culte. Je n’arrive toujours pas à comprendre comment ils arrivaient à faire des arrondis aussi parfaits !
On termine la balade en passant à travers les anciens entrepôts. Puis c’est un escalier sans fin que nous descendons jusqu’à la ville.
C’est ainsi que s’achève notre tour de la Vallée Sacrée. Nous n’aurons pas tout vu mais si vous souhaitez comme nous visiter ces 3 sites en autonomie, voici nos conseils pratiques.
Comment voyager pas cher, sans louer de voiture, pendans 3 jours dans la Vallée Sacrée :
JOUR 1
Collectivo jusqu’à Chinchero (4 sol par pers) visite temple et cascade (5 Sol)
Bus jusqu’à Ramal de Maras ( 3 sol)
Collectivo ou taxi même prix (12,5 soles) jusqu’à les Salinas (entrée 10 soles par pers). Faites attention que le collectivo vous enmène bien tout en bas des salinas et pas juste au guichet de ticket.
Marche d’une heure jusqu’à Tarabamba
Collectivo de Tarabamba jusqu’à Ollantaytambo (3 soles par pers)
JOUR 2
Collectivo de Ollantaytambo jusqu’à Urubamba (3 sol)
À 10 min de marche du terminal de collectivo se trouve l’autre terminal de collectivo direction Písac (10 sol)
JOUR 3
Taxi de Písac (35 soles) pour monter en haut des ruines et les redescendre tranquillement à pied (compter 2h)
Collectivo jusqu’à Cusco (6 soles)
TOTAL : 91,5 soles pour les transports et sites (hors boleto turistico) soit environ 22 euros !
Et rien que pour le plaisir, une petite vidéo de notre virée dans la Vallée Sacrée.
UNE CHICHA MORADA ET DEUX PONCHOS
Il est temps de dire au revoir à notre Cuzco adoré. Nous y aurons passé un bon bout de temps et c’est avec un petit pincement au coeur que nous quittons cette ville. Une fois n’est pas coutume, nous avons fait le trajet de nuit. Nous arrivons donc à Arequipa vers 6h du matin après 10h de bus. La ville se réveille doucement, nous aussi ! On pose nos gros sacs à l’auberge et, en attendant de pouvoir se reposer dans notre chambre, on part à la découverte de la ville.
Les lumières du matin sont superbes. On découvre donc les belles églises aux façades baroques éparpillées un peu partout dans la ville et l’imposante cathédrale de la Plaza de Armas. La ville s’anime tout doucement. La place est très agréable à cette heure-ci, on observe depuis un banc le va et vient des gens allant travailler. On se perd un peu dans les petites rues. Arequipa nous semble toute petite à côté de Cusco mais il y a plein de petites places cachées, super calmes à cette heure ci. L’ambiance nous fait un peu penser à Bordeaux avec toutes ses terrasses de cafés. C’est assez rare de voir ça en Amérique Latine.
Bon, deux heures passent et nous commençons plus à ressembler aux zombies de Walking Dead qu’à deux touristes français. On se pose donc dans un premier café sans intérêt. Bon l’avantage, c’est qu’on a regagné assez d’énergie pour rejoindre l’auberge. Mais il est encore trop tôt pour entrer dans notre chambre. Alors on se pose à Eco-Brunch, juste en face, et on a craqué pour un deuxième petit déjeuner. Mention spéciale pour les pancakes à la myrtille au sirop d’érable qui sont à tomber par terre ! Le lieu dispose d’un rooftop qui permet de jeter un coup d’œil au célèbre couvent Santa Catalina, impossible à voir d’en bas car encadré par d’immenses murs. On voit un aperçu de ses murs colorés et ça nous donne très envie de le visiter!
Après avoir tapé la meilleure sieste de notre vie, on est prêt à en apprendre plus sur Arequipa. On joint donc un free tour, cette fois-ci en français. On tombe sur Jeniffer, une guide qui parle espagnol, anglais et français ! Nous ne sommes que 4 pour la visite donc c’est génial, on a un tour privé !
On apprend qu’Arequipa a un gros passé révolutionnaire; que de nombreux séismes ont plusieurs fois détruits la « ville blanche » surnommée ainsi par la couleur de ses pierres; qu’il y a plusieurs spécialitées culinaires comme le queso helado, une glace au fromage et à la cannelle, et le Rocoto Relleno, un piment farci représentant le volcan de la région. On a pu visité une des églises bordant la place, El Templo La Compañía de Jesús. Sur sa façade, on peut y voir des détails de la culture Inca comme la représentation des 3 mondes à travers l’eau pour le monde des morts, la flore pour le monde des vivants et le condor à double têtes pour le monde des cieux. On retrouve un autre tableau de la Cène avec un cochon d’Inde en guise de repas à l’intérieur de l’église.
La visite se termine par la découverte d’un atelier de tissage où nous avons la chance de voir des alpagas. Jennifer nous explique qu’il existe deux types d’alpaga: l’alpaga surnommé « hippie » car il a une laine en forme de dreadlocks; il s’appelle en réalité le Suri et il ne représente que 15% de la population d’alpaga au Pérou; le plus connu est celui qui ressemble à une peluche, le Huacaya, est aussi le plus commun ici. Voilà, maintenant vous êtes des experts en alpagas ! Non, non, ne me remerciez pas…
On en apprend plus sur les rituels de tontes qui sont de véritables cérémonies deux fois par an. On peut toucher la différence entre le « baby alpaga » (la première tonte de l’alpaga) et l’alpaga. On apprend aussi que le poil de vigogne, une espèce de lamas ressemblant à une biche, est le tissu le plus cher au monde ! Deux dames sont entrain de tisser des chemins de tables lorsque nous rentrons. Leur travail est minutieux, symbolique en tout point et magnifique. Bref, à la boutique on craque tous les deux sur des ponchos sublimes… On te remercie pas Jennifer ! Sérieusement, si vous ne parlez ni anglais ni espagnol, voici son numéro pour la contacter : +51934149271. Elle a pris le temps avec nous et s’est même intéressée à nous en plus de nous donner énormément plus d’infos que ce que je viens d’écrire. Elle n’a qu’une envie, c’est de pratiquer le français alors foncez !
Cette belle journée se termine sur la petite Plaza Campo Redondo où nous buvons, chez Mr Cholo, la meilleure Chica Morada du Pérou. Oui, on en a goûté pas mal alors j’ose le dire ! Vous savez, la chicha morada c’est cette boisson à base de maïs violet. Ici, la gérante le fait avec un twist au fruit de la passion, j’en rêve encore…
La vie chez les Carmélites ? Très peu pour nous…
Le lendemain, nous retrouvons Jimmy et Marlène, nos deux compaires du trek du Salkantay avec qui nous avons bien sympathisé. En voyage comme nous, nous sommes ensemble à Arequipa pour partir de nouveau en trek. Suspens quant à la destination…
En attendant, on en profite pour visiter le célèbre Couvent Santa Catalina, le plus grand couvent de carmélites au monde ! Et oui, rien que ça. On dit de lui que c’est « une ville dans la ville ». En effet, il y a des rues, des places, plusieurs cloîtres et un nombre incalculable de cellules privatives pour les nonnes. Fondé en 1579, le monastère a acceuilli 170 nonnes et leurs 300 servantes qui vécurent coupées du monde. Aujourd’hui, quelques nonnes vivent encore dans une partie du couvent, interdit aux visiteurs.
La visite commence par les parloirs où les nonnes avaient droit à 1h de conversation avec leur famille par mois sous l’oreille attentive d’une surveillante. On la poursuit en passant par le cloître des novices. Coupées du monde et des autres nonnes, les novices avait des cellules spéciales qui donnaient uniquement sur ce cloître.
Puis nous découvrons le cloître des orangers. Ce lieu magnifique avec son bleu éclatant donne sur plusieurs chambres privatives pour les nonnes les plus importantes.
C’est fou de voir le lieu, resté dans son jus, où ces nonnes passaient leur vie. Plus qu’une chambre, certaines avaient même une cuisine attenante. Les murs noircies par la fumée du four laissent aisément imaginer les scènes de cuisine qui se déroulaient ici. Certaines possédaient même un petit cabinet pharmaceutique, de l’époque!
L’endroit est sublime avec ses murs peints de couleurs ocres et de bleu Majorelle. La lumière transforme le lieu en un véritable tableau. On aime à se perdre dans les petites ruelles, parfois même bordées de fleurs.
On clôture la visite du couvent en entrant dans le cloître majeur. C’est ici que les sœurs venaient avouer leurs péchés grâce aux petits confessionnaux encastrés dans le mur entre l’église et le couvent. Dans le jardin, de l’eau circule de jars en jars. À défaut de boire du Pisco, les sœurs utilisaient ces jars comme lavoirs pour leurs vêtements.
Le lieu a beau être magnifique, cette vie-là n’est pas pour nous ! Direction le marché pour aller boire un jus de fruit bien frais et faire le plein de provisions pour le trek de demain.
On s’offre même le luxe de faire un apéro sur le toit terrasse de l’hôtel où nous sommes car on trouve du fromage Mantecoso (notre préféré 😍) au marché. Accompagné de quelques tomates cerises, chips de patates douces et… du SAUCISSON ! Marlène et Jimmy avaient reçu en cadeau de leur famille plusieurs saucissons et ils ont eu la gentillesse d’en partager un bout avec nous. Mama mia!!! On se souviendra de cet apéro ! 😁 L’heure d’aller au lit approche, demain on prépare nos gambettes pour 3 jours de trek intense… Mais ça, c’est dans le prochain épisode !