Canyon de Colca – Lac Titicaca
C’est accompagné de Marlène et Jimmy que nous débutons le trek du Canyon de Colca. On est trop content de pouvoir refaire une rando tous ensemble et les conneries fusent à la minute ! Ça promet 😂
Comment aller d’Arequipa jusqu’au canyon de Colca par ses propres moyens ?
Prendre un collectivo jusqu’à Chivay (20 soles)
Puis un deuxième collectivo jusqu’à Cabanaconde (10 soles) ou un taxi (110 prix négocié)
Pour le retour, prendre un bus Cabanaconde – Arequipa (25 soles) sinon prendre un collectivo sur la Plaza de Armas de Cabanaconde.
Jour 1: On va où? Tout en bas!
12 km 1200 d-
Nous arrivons à négocier un collectivo qui nous arrête à deux points de vue. Le premier, le plus connu, c’est Cruz del Condor. Il offre un superbe panorama sur la vallée. Il y a souvent beaucoup de monde le matin mais vu que nous sommes arrivés un peu tard dans le région, il n’y a plus personne. À peine sorti du collectivo, nous apercevons déjà un condor qui vole au dessus de nos têtes. Même s’il est haut, on le voit quand même bien et on imagine sa taille immense s’il était plus près ! Un peu plus loin, il y a le mirador de Tapas. On a moins de chance cette fois-ci mais on peut admirer d’en haut les petits villages que nous allons traverser.
Nous débutons le trek à Cabanaconde. La première journée, on descend dans le canyon jusqu’à Chuirca. La descente est rude et nous laisse imaginer la journée retour quand il faudra tout remonter. Je sue d’avance ! Le soleil de plomb n’arrange rien. Cette fois-ci, nous avons loué des bâtons et heureusement que nous l’avons fait, même s’ils étaient de piètre qualité. Nos genoux et nos cuisses avaient bien chauffé sur le Salkantay et on avait regretté de ne pas en avoir pris. Ils nous ont bien aidé dans les descentes de pierres ultra glissantes. Il y avait même un passage de petites pierres mélangées à de la terre très fine, on aurait cru marcher dans la neige. Bon, pour être honnête, ça n’a pas empêché notre chute à tous les deux, à deux endroits presque plats en plus ! Allez comprendre 😂.
On se relève et en avant Guingamp pour traverser le Rio Colca qui donne son nom au canyon. On a fini l’interminable descente de 2h, youpi ! Maintenant place à la montée, oh… Il nous faudra une heure de plus pour rejoindre notre logement à Llahuar.
La montée est un peu rude car mes gambettes commencent à fatiguer mais je m’accroche car je connais la récompense de la première journée : des sources d’eau chaude dans notre auberge ! Autant vous dire qu’à peine arrivés à Casa de Virginia, nous filons sous la douche enlever les trois tonnes de poussières du trek et on fait un plouf dans les thermes ! Vous n’imaginez pas la sensation de bien-être. On n’a plus envie de sortir. En plus de ça, la vue sur le canyon est sublime.
Cette belle journée se termine avec la rencontre de 4 français qui séjournaient au même endroit que nous, un couple qui voyage pendant 6 mois et un duo d’amis en vacances pour 15 jours. On fait table commune et l’ambiance est à la rigolade. On s’échange nos tips et nos histoires saugrenues. C’est la fatigue qui nous rattrape tous et on s’endort bercé par le paisible silence de la campagne.
Jour 2 : Youhou, y’a quelqu’un?
16 km 800 d+
C’est parti pour la plus longue journée. Aujourd’hui, l’objectif c’est de traverser le canyon de l’intérieur jusqu’à San Juan de Chuccho en passant par les petits villages. Hier, notre « guido » , c’était Jimmy. Aujourd’hui, Marlène et moi avons été désignées comme « guidas » officielles. Nous sommes l’une comme l’autre dotées d’un sens aiguë de l’orientation alors on peut lire la peur sur les visages de Jimmy et Juju. Mais à part une petite erreur au début, nous nous en sortons plutôt bien !
On retrouve en route Marine et Fred, le petit couple rencontré la veille et on partage un bout de chemin ensemble. Eux vont dormir dans l’oasis de Sangalle, tout au fond du canyon. Nous, nous avons fait le choix de parcourir les villages un peu plus en hauteur. Je pense que les deux sont sympas à faire. Sachez juste que si vous faites le retour depuis l’oasis, la remontée sera un peu plus costaude.
Nos chemins se séparent avant l’arrivée au village de Malata, notre première pause de la matinée. Nous sommes un peu surpris de trouver un village désert, à moitié en ruine. On rencontre des ouvriers qui travaillent sur la route et on leur demande où se trouve le seul restaurant du village. Il était en fait bien planqué à l’étage d’un immeuble lambda. Mais arrivés en haut, nous avons une super vue sur le canyon et le repas était plus que copieux. D’ailleurs, minute culturelle, ici le plat du jour s’appelle « menu » et se compose d’une soupe en entrée et d’un plat (le plus souvent à base de viande, riz et pommes de terre). Parfois, il est accompagné d’une boisson qui est souvent une limonade de citron ou de fruits de la passion.
C’est reparti! Nous traversons le village voisin de Cosñirhua, du même acabit que le premier : désert. On croise une dame qui lave son linge et un chien aveugle qui nous aboie (presque) dessus. Puis nous descendons jusqu’à Puquio, un hameau sans aucune âme qui vive. On est un peu désespéré. Nous qui avions lu des super descriptions de villages typiques à Colca. On s’attendait à un peu plus de vie. On décide malgré tout de monter jusqu’à Tapay, le dernier sur notre liste. Arrivé en haut, le village est plus gros que les autres et on entend les enfants de l’école qui joue au son de la musique. Enfin, âme qui vivent ! Mais le village n’est quand même pas très pittoresque alors on fait demi-tour direction San Juan où nous dormons cette nuit.
Dans la descente, on ne change pas une équipe qui gagne, je me casse la figure avec mon élégance innée. Tout va bien, j’ai juste un bleu de la forme du Pérou sur la fesse gauche et un peu moins de dignité. 😂
On quitte les cailloux et la sécheresse pour trouver une nature de plus en plus verdoyante et à l’état sauvage ainsi que quelques petits champs entourés d’arbres fruitiers et à fleurs. Le voilà notre petit village pittoresque ! Nous dormons dans la Posada Gloria ce soir, un petit havre de paix au milieu du canyon. La vue est exceptionnelle et les hôtes super sympas. Pas de bains mais des avocatiers et des grenadiers sur une belle terrasse qui surplombe le site. On prend un apéro bien mérité en attendant l’heure du repas. Et les heures s’écoulent joyeusement jusqu’au soir. Nous nous couchons de bonne heure car le départ est prévu à l’aube. Il nous reste de la route jusqu’à Arequipa après le trek.
Jour 3 : Râpées et dénivelé
8 km 1000 d+
Ce matin, c’est départ à la fraîche, à 6h. On emprunte un petit sentier bucolique à l’arrière de notre logement, sous la direction de notre nouveau « guido » Julien. On descend jusqu’au rio Colca qu’on retraverse pour attaquer la terrible montée. Heureusement, le paysage nous porte énormément. À cette heure-ci, le soleil se lève juste et baigne la montagne de sa douce lumière. Le paysage est sublime. D’en haut, nous avons une dernière fois un beau panorama sur tout le site. C’est sans conteste la partie du chemin que nous préférons tous. Au final, nous n’avons pas emprunté la route directe qui est celle prise par la majorité des touristes. Sans regrets. Nous n’avons croisé personne sur les 3 jours de trek.
Sur le chemin, on aura pu observer plusieurs condors. Ils étaient toujours un peu loin mais au moins on en a vu pas mal. Et c’était notre but ultime en visitant le canyon de Colca, voir en vrai cet animal tant vénéré par les incas. Impossible d’avoir une photo de ces belles bêtes. Même s’ils sont grands, ils volent bien trop haut. Alors pour compenser, voici une photo de la fine équipe avec qui on a bien rigolé.
Si les photos vous donnent envie, voici quelques conseils pour visiter Colca en évitant de payer le prix exorbitant de l’entrée !
Comment gruger pour ne pas payer le canyon de Colca ?
Quand on sait que l’argent n’est pas réinvesti, ça nous fait flic de payer si cher des entrées de parcs naturels. Alors si on peut ne pas payer, on le fait. Voilà comment on a évité les contrôles:
⭐ Partir après tout le monde. Nous sommes partis en tout début d’après midi le premier jour et n’avons croisé aucun contrôleur à la sortie de Cabanaconde. Autre avantage: profitez du mirador Cruz del Condor sans personne ! Le 3e jour, nous sommes partis très très tôt le matin si bien que nous avons commencé à croiser des gens qui commençaient la descente du canyon une fois arrivée à Cabanaconde.
⭐ Partir à contre sens. La majorité des gens vont soit directement à l’oasis soit direction San Juan car c’est le tour organisé par les agences. Nous avons choisi de commencer le trek en descendant direction Llahuar. Nous n’avons croisé absolument personne.
⭐ Eviter l’oasis Sangalle. En effet, étant le point d’intérêt numéro 1 du canyon, les contrôles sont fréquents sur la route Cabanaconde – Sangalle. Vu que nous ne sommes pas descendu, nous ne sommes pas passé par le point de contrôle. Honnêtement, l’oasis est beau de loin mais une fois sur place, il apporte peu de valeur ajoutée à part le fait de profiter d’une piscine.
⭐ Refuser les billets aux vendeurs ambulants. Si vous faites le choix de vous arrêter aux miradors, vous croiserez certainement des vendeurs de billets ambulants. Ils ne sont pas là pour contrôler vos billets donc vous pouvez aisément leur dire que vous en avez déjà.
Dans le bus retour, nous retrouvons une nouvelle fois Marine et Fred. Du coup, nous prévoyons de manger tous ensemble le soir pour fêter la fin du trek. Nous nous rendons au Restaurant Zig Zag, un restaurant fusion entre Alpes et Andes. Autrement dit, le restau parfait pour les voyageurs qui, comme nous, ont le mal du pays au niveau culinaire. Devinez ce qu’on a mangé… DES RÂPÉES SAUCE ROQUEFORT ! Oui oui, des râpées au Pérou ! Et en dessert, nous avons même eu droit à la mousse au chocolat ! Un restaurant presque gastronomique pour 25 euros (cocktail, plat et dessert) qui fait du bien au « bidou » et au moral car le fromage et les bons petits plats de chez nous nous manquent profondément 😅. Particularité du restau, son escalier principal aurait été conçu par Gustave Eiffel. Décidément, il est de partout au Pérou ! Ah et deuxième particularité, ils te donnent un bavoir. Je ne sais pas trop comment le prendre…!
Lorsque nous sortons, nous entendons la musique envahir les rues. C’est la fête le vendredi soir à Arequipa, encore plus que d’habitude ! On profite un peu de l’ambiance et on part se coucher. Demain, nous nous rendons à notre dernière destination dans ce magnifique pays. Le temps passe si vite…
Car j’étais sur la route toute la sainte journée
Adios Arequipa. On se rapproche doucement de la fin de notre périple au Pérou et on devient déjà nostalgique ! Nous prenons donc la route de Puno, ville principale du lac Titicaca. Nous décidons de voyager de jour car c’est peu reposant de dormir dans les bus de nuit. Et qu’est ce qu’on a bien fait ! La route est incroyablement belle. Une fois sortie d’Arequipa, on sillonne la vallée avec en toile de fond les volcans Misti et Chachani, les deux monts d’Arequipa. La vallée, très sèche au début devient de plus en plus verdoyante. On y voit plein de lamas et d’alpagas brouter. Et on aperçoit même des vigognes, un mix entre un lama et une biche. D’ailleurs la vigogne est beaucoup plus rare que le lama car c’est un animal qui s’apprivoise mal. Le poil de vigogne, ultra doux, est la matière la plus chère au monde !
Au milieu de nulle part, le bus s’arrête pour laisser monter des vendeurs ambulants. Ils hurlent dans le bus ce qu’ils ont et je me laisse tenter par le fameux « choclo con queso« , un snack très répandu ici au Pérou. Et c’est un délice!
On passe à travers quelques collines entre lesquelles coulent des rivières avant de retrouver le plat total de la vallée. La route est bordée d’animaux et de petites exploitations fermières et agricoles. On y voit aussi de drôle de petites maisons tout au bord de la voie routière et je mets quelques minutes à me rendre compte que c’est leur manière de rendre hommage aux personnes décédées d’accidents de la route. Le grand nombre de maisons funéraires que l’on voit nous donne froid dans le dos. Mais on commence à accepter que la partie la plus dangereuse de notre voyage se trouve bel et bien dans le transport. On prend conscience aussi de ce que l’on considère comme acquis en France et dans les pays développés : la qualité de nos routes et de nos infrastructures routières. Il n’y a pas de ceinture dans notre bus et c’est assez commun ici…
Le plus joli passage se trouve vers la Laguna Lagunillas. La route la longe sur une bonne partie et on peut même apercevoir des flamands roses ! Revers de la médaille, les bords de route sont jonchés de déchets. En effet, ici on jette tout par la fenêtre et vu qu’on distribue des sacs plastiques à tout va, je vous laisse imaginer l’ampleur des dégâts. C’est bien dommage surtout qu’on voit beaucoup de panneaux mettant en garde contre la pollution mais ça n’est définitivement pas rentré dans les mœurs ici.
Nous arrivons à Puno plus tard que prévu. On nous avait prévenu que la ville n’avait pas d’intérêt particulier à part desservir les fameuses îles flottantes d’Uros. Ainsi nous n’en attendons pas grand chose et du coup, nous sommes agréablement surpris. Nous arrivons un samedi soir, donc la ville est animée, il y a même un mariage qui vient de se terminer dans l’église de la place centrale. Ça grouille de gens et pas seulement de touristes. On passe donc une belle soirée à Puno avant de partir dès le lendemain pour un endroit plus reculé.
Un peu de vaisselle entre deux batailles de « guili »
En effet, nous avons eu la chance d’être accueilli dans une famille sur les rives du lac Titicaca. C’est d’abord Myriam, une des filles de la famille, qui vient nous chercher sur la place du village et nous marchons ensemble jusqu’à sa maison. Elle a 13 ans mais en paraît 16. Elle est hyper débrouillarde et a un petit grain de folie que j’adore, elle aime particulièrement nous taquiner. Sa spécialité : les « guilis » ! Vous l’avez compris, nous n’allons pas nous ennuyer ici.
Arrivés chez elle, on découvre un petit havre de paix sur les hauteurs dominant la plage et le lac, entourés d’arbres à fleurs et fruitiers. Myriam remarque d’ailleurs que je m’intéresse à l’arbre près de la cuisine car je trouve ses fleurs magnifiques. Elle m’explique que c’est une grenadía et qu’ils en ont deux sortes. On goûte cette variété que nous ne connaissons pas, c’est délicieux.
On pose nos affaires et on rencontre Antonia, sa maman qui nous accueille à bras ouvert. Peu après, 3 filles débarquent, des françaises. Puis encore un peu après on voit arriver un gros groupe de 8 personnes, toutes françaises aussi. Certaines partiront dans la journée, d’autres resteront une nuit de plus. Décidément, nous allons tous aux mêmes endroits.
On fait la connaissance de Luis Senior, le papa, et Luis Junior, le cadet de la famille. Ce dernier est une pile électrique qui n’arrête pas de courir partout ! On part avec lui et Antonia donner à manger aux moutons. Ils en ont une dizaine qui vivent dans le champs en contrebas de la maison. Et un mouton, quand ça mange, c’est sans pitié !
Puis on aide à préparer notre repas de midi. Enfin, avec Julien on est relégué à l’atelier séchage de la vaisselle. Je crois qu’ils ne nous font pas confiance niveau cuisine 😂. Le repas est délicieux et traditionnel. On a même le droit à un apéro à base de pop-corn. Ce n’est pas la première fois que nous y avons droit. C’est une habitude ici de proposer des pop-corns avant l’entrée. Peut être pour être sûr que nous n’aurons plus faim 🤷🏼♀️. Après une soupe et des légumes, riz, patates, nous avons droit à une petit heure de sieste avant les activités de l’après-midi.
C’est Luis, le papa, qui s’occupe de l’atelier savon. Ici il fabrique un savon/shampoing naturel avec une plante des environs. Il suffit de la broyer et de la passer au tamis avec de l’eau. Effectivement, ça mousse comme du Head&Shoulders, l’odeur en moins.
Puis Luis nous explique de quoi les habitants vivent sur l’île en nous montrant ses outils pour labourer le champs. Ici on cultive, des patates et du blé principalement. L’agriculture leur permet de se nourrir mais pas de vivre. C’est pour cela que les femmes font de l’artisanat en tissant des tenues traditionnelles pour les vendre sur le marché. Rien que le chapeau traditionnelle d’une femme vaut entre 1000 et 1500 soles. Bon, il faut des mois aussi pour en confectionner un. À cela, s’ajoute maintenant le tourisme qui est une source de revenu non négligeable.
On passe du temps avec Myriam et Antonia qui nous apprennent à confectionner des bracelets. Ça paraît difficile à première vue mais on chope tous la technique au bout d’un moment. On est tout de même débutant et ça se voit, nos bracelets sont beaucoup moins réguliers que ceux d’Antonia. Mais nous avons adoré partager ce moment avec elles. Un petit moment calme et doux qui apaise et qui fait du bien. Myriam se prend de passion pour la crinière de Juju et décide de discipliner un peu tout ça en lui faisant des tresses plaquées. Juju, bonne pâte, se laisse faire et souffre en silence. Je crois qu’il reste perplexe quant au résultat mais en tout cas moi, j’ai bien ri ! Tout le monde aime tellement confectionner des bracelets, qu’on continuera jusqu’à la nuit tombée. Puis mission cuisine et de nouveau, nous sommes de corvée séchage. Je crois qu’on avait tellement bien essuyé la vaisselle à midi qu’ils n’ont pas osé changer de team… Pop-corn, soupe, et lomo saltado aux légumes au menu et au lit !
« On est sûr que ça se mange ? » demanda Julien un roseau dans la main
Le lendemain, nous partons en bateau découvrir les fameuses îles flottantes d’Uros. Il y en a entre 60 et 120 mais attention, elles ne se valent pas toutes. Les îles en face de Puno sont plus grandes et plus touristiques. Mais la réalité, c’est que les personnes de l’île perpétuent le folklore à fond pour les touristes mais ne vivent plus sur les îles. Luis connaît les familles qui ne changent pas leurs habitudes pour les touristes et qui vivent réellement sur leur île. On se rend donc dans une de ces familles qui nous accueille à bras ouvert.
L’arrivée est impressionnante. À bord du bateau, on voit l’épaisseur de l’île et on s’imagine la quantité de totora ( sorte de roseau local qui pousse dans le lac ), qu’il faut pour construire une île pareille. On pose le pied sur un sol très mou, très confortable. Mais j’ai peur que l’infrastructure s’effondre. Ça reste quand même irréel pour moi, qu’un petit hameau puisse flotter comme ça. Il y a 4 familles sur l’île où nous sommes. En tout, c’est une vingtaine de personnes qui résident ici. Il y a une maison par famille, un mirador, une cuisine et un four en terre cuite qui repose sur une pierre lisse à l’extérieur. Ici on parle aymara ou quechua. Les enfants apprennent l’espagnol à l’école, la seule et l’unique du hameau.
Pour continuer de flotter sur le lac, ils recouvrent tous les 3 mois, l’île entière d’une couche de totoras frais. Les maisons sont surélevées à ce moment là. Une île peut durer jusqu’à 30 ans. Il la coupe en plusieurs parties pour se déplacer dans le canal lors de la saison des pluies. Et croyez le ou non, mais le totora se mange. Il suffit de l’ouvrir et l’intérieur transparent se déguste comme un snack. Bon, ça n’a pas trop de goût et la texture est assez troublante, on dirait du polystyrène !
Les gens vivent de pêche et d’artisanat et utilise le troc pour avoir les matériaux en bois servant à la construction de leur ancre. Chaque île est attachée car sinon, avec le vent, elles se baladeraient sur le lac. Chaque île a son chef, élu à main levé.
Les premiers touristes qui se sont intéressés à leur mode de vie sont… français ! Est-ce une bonne chose? Sujet à débattre, d’un côté ils ont mis en lumière cette civilisation unique au monde mais d’un autre, ils l’ont aussi rendu dépendante au tourisme…
Sur l’île qu’on visite il y a 4 familles, ce qui représente 20 personnes. Ils vivent les uns sur les autres dans les maisons et ne disposent que de très peu d’intimité. D’ailleurs, pour « draguer », ils utilisent les bateaux et ça leur permet de s’éloigner et d’avoir un peu de vie privée.
Ce peuple n’a pas toujours vécu sur des îles. À l’origine, il vivait sur un bateau pirogue à tête de puma avec leur maison en hutte dessus. Les ancêtres ont commencé à adopter ce mode de vie à l’arrivée des espagnols au Pérou. Ils ne voulaient pas devenir esclaves alors ils sont devenus nomades sur le lac. Depuis les années 80, ils ont arrêté les bateaux et ont construit les îles rassemblant plus de monde et créant un mode de vie un peu plus confortable.
C’est sur cette belle rencontre, touchante et remuante que nous terminons notre voyage au Pérou. Le discours poignant du père de famille sur les problèmes économiques que rencontrent les peuples des îles m’a beaucoup fait réfléchir à mon rôle de touriste. La petite, bien qu’adorable, servait de petite vendeuse pour sa mère car à part l’artisanat, la pêche et le tourisme, il n’y a pas d’autres options de ressources dans ces îles. Les écoles sont coûteuses et lointaines et lorsqu’une personne a les moyens de partir, elle ne revient pas. Ça pose question quand à la sauvegarde de ce peuple et de leur mode de vie si incroyable…
🇵🇪 Bilan du Pérou
Après 1 mois et demi au Pérou, c’est avec une petite « larmichette » qu’on dit au-revoir à ce magnifique pays. Nous avions prévu d’y passer moins de temps mais impossible d’en partir. Le Pérou nous a pris dans ses bras et accueilli comme aucun autre pays.
Ce qu’on a aimé (et il y a beaucoup de choses!) :
– La nourriture ! Après plusieurs mois à manger du riz et des flageolets, on est trop content de trouver enfin de la variété et une gastronomie mondialement réputée ! Mention spéciale pour le ceviche (pour Léna) et pour les jus de fruits frais du marché !
– Les péruviens sont incroyablement accueillants tout en étant discrets. Ils sont là quand tu as besoin mais ne t’envahissent pas. On garde en tête toutes les rencontres qu’on a pu faire, leur curiosité et leur gentillesse. Et le courage de ces femmes qui se battent pour les droits de leurs filles.
– La variété des paysages. On ne s’attendait pas à découvrir autant de paysages différents. Nous sommes passés par la jungle amazonienne, par la montagne puis par l’océan et par la haute montagne avant de découvrir les différentes vallées, luxuriantes ou arides du Sud pour enfin arriver sur les rives du lac Titicaca. Bref, on en a pris plein les pupilles à nous en décoller la rétine !
– Les treks. C’est LE pays de la rando. Impossible de passer à côté, le Pérou propose quelques uns des plus beaux treks du monde. Alors forcément, on a voulu en faire et on est devenu accro. Les randos sont d’une telle beauté. Mention spéciale pour le trek du Salkantay, qui m’a beaucoup appris sur moi même et qui propose une impressionnante variété de paysages à mesure qu’on avance. Impossible de s’ennuyer !
– Les rencontres. Tant avec les locaux qu’avec nos compatriotes en vadrouille. C’est au Pérou qu’on a le moins voyager seul. Il est très facile de dormir chez l’habitant et certains lieux sont propices aux rencontres (les treks, les grandes villes). On a la chance de s’être fait des amis et rien que pour ça, on se souviendra toujours du Pérou.
– La culture. Évidemment, les Incas sont très présents et on a adoré en apprendre plus sur ce peuple et les peuples qui les ont précédés. Mais le Pérou ce n’est pas juste le Machu Picchu. On a été impressionné de voir à quelle point les traditions sont importantes ici, ne serait-ce que dans les tenues ! La culture péruvienne est un bon mix entre leurs origines incas et les traditions espagnoles. C’est hyper intéressant de voir comment les unes a influencé les autres.
– Le nord. Quand on regarde les guides, les parcours sont toujours les mêmes et ne concerne que la partie sud du pays. Alors évidemment, il y a plein de choses à voir au sud et on a adoré cette région. Mais on ne parle jamais du nord, qui est beaucoup plus authentique car complètement délaissé par les touristes. Cette partie-là regorge de lieux historiques, de petites villes et villages adorables et de sites culturels antérieures aux Incas. C’est aussi là qu’on a fait la connaissance des hôtes les plus accueillants. Bref, on ne peut que vous encourager à sortir des sentiers battus et à visiter ce qui ne se trouve pas sur les guides.
– L’artisanat. Les tissages sont superbes. Les détails sont très fins et la qualité des tissus est incroyable. On a même craqué pour des ponchos ! La poterie est aussi magnifique. Bref, on a dû se retenir pour pas ramener plus de souvenirs.
– Les animaux en pleine nature. C’était trop chouette de voir des lamas, des alpagas et des vigognes vivre leur plus belle vie dans les plaines péruviennes. Et dieu sait qu’on en a vu beaucoup dans le sud ! Mention spéciale pour notre découverte de la Ouette, cette mouette à petit bec qui a bien mangé à la cantine.
– La musique. Comme partout en Amérique Latine, la musique est omniprésente, dans les transports, dans les rues, dans les échoppes et même dans les champs.
Ce qu’on a moins aimé :
– La viande. C’est plutôt elle qui ne nous a pas aimé, surtout Juju. Bon ici, pas de chaîne du froid et les plats traditionnels sont quasi tous à base de viande. Donc si on veut les goûter, il faut prendre le risque. La plus part du temps, ça allait mais Juju a quand même été 3 fois malade au Pérou.
– L’exploitation des animaux pour les touristes. On a détesté voir ces pauvres alpagas et biquets en pleine ville de Cusco, affublés de pompoms multicolores, pour que les touristes puissent prendre des photos avec eux. On comprend le marché car c’est une source de revenu pour les locaux, on comprend moins les occidentaux qui payent pour ça.
– Le cuy (ou cochon d’Inde en français). On n’a pas pu franchir l’étape de manger cette petite bête même si c’est un des plats les plus consommés du pays.
– Le papier toilette. Il faut toujours se trimballer avec un rouleau de PQ avec soi car il n’y en a jamais. Pourquoi ? Mystère…
– La pollution. Le bord des routes est jonché de déchets car on incite les péruviens à tout jeter à travers les fenêtres des bus. Il n’y a que très peu de poubelles en ville. Et les sacs poubelles sont mis à même le sol, devenant le buffet à volonté des chiens errants. Le tourisme évidemment participe à cette pollution. Mais nous ne nous attendions pas à voir autant de déchets.
En résumé, le Pérou est un pays coup de cœur pour nous deux. Nous sommes tristes de partir même si nous sommes aussi excités de découvrir une autre culture. Notre arrivée au Pérou a été un gros câlin et nous savons d’ors et déjà que nous reviendrons visiter ce pays magnifique.